jeudi 10 décembre 2009

POUR ANNE

Oeuvre de Gaetano Previati Francesca et Paolo

Suite à mon billet sur l'exposition au Musée Cantini, "de la scène au tableau", je vous ai fait part de mes réactions en direct, presque sur le "vif". J'ai voulu vous montrer un peu ce que j'avais aimé sur le moment, mais finalement je n'ai pas vraiment développé mon ressenti.
Je me suis emballée au début en vous présentant le sujet avec tous les tableaux qui m'ont plus, puis ma conclusion a fini en "peau de chagrin", ne sachant plus comment m'en sortir...
Donc, voici, un petit compte-rendu de mon amie Marisol, que vous connaissez un peu maintenant via nos blogs.

Il faut dépasser deux grosses déceptions d'abord sur les peintres annoncés. De Klimt, il n'y a qu'un seul tableau, minuscule, peu représentatif de son style et sur lequel il faut s'attarder pour en voir la finesse, peu de Degas et de Lautrec.
Ensuite l'installation matérielle est obscure, les explications écrites insuffisantes et la présentation en audio-guide est brouillonne vous faisant revenir en arrière et se contentant trop souvent de reprendre les panneaux explicatifs. Pourtant si vous vous accrochez vous assistez à l'évolution sur deux cents ans de la représentation picturale, de la représentation théâtrale et du lien entre les deux. Vous découvrez que théâtre et peinture se nourrissaient l'un de l'autre puisque les peintres allaient chercher leur inspiration dans un répertoire théâtral dont ils illustraient certaines scènes. Mais à son tour les théâtres reproduisaient sur leur scène "in live" la composition exacte du tableau que le public reconnaissait avec ravissement.
D'autres fois le peintre immortalisait l'acteur en plein jeu. On comprend mieux les tableaux de David et même les excès expressifs des tableaux de Guérin dans ce contexte tragique théâtral.
On peut d'autant plus apprécier les choix de chaque artiste en comparant leurs interprétations d'une même scène. On franchit le temps mais aussi les frontières : la France, l'Angleterre, l'Italie, défilent sous nos yeux avec leurs différences mais aussi des constantes. Peu à peu les artistes s'écartent de la scène, Daumier puis Degas et bien d'autres tournent leur regard vers les coulisses et même vers le public. Les peintres quittent la scène et même les décors que de nouveaux corps de métiers investissent à leur tour. Nous nous retrouvons à l'orée du vingtième siècle et peinture et théâtre ont profondément évolué.
J'ai trouvé ce cheminement fatigant mais instructif, j'ai découvert des peintres que je ne connaissais pas, plusieurs ont exalté mon imagination et d'autres ont éveillé mon émotion. Je pense que si je devais y retourner, j'irai avec en tête les conclusions de Guy Cogeval, Président du Musée d'Orsay et commissaire général de l'exposition " De la scène au tableau" (Propos recueillis par Amandine Rabier pour Connaissance des Arts)
Cette interaction entre théâtre et peinture serait donc l'une des sources de l'art moderne? N'est-ce pas la démonstration centrale de cette exposition ?
"Mon intention profonde est effectivement de réaffirmer qu'il y a plusieurs voies vers la modernité en peinture. Elle ne se limite pas à une marche régulière et imperturbable vers l'abstraction, comme on l'a trop dit. L'exposition permet d'explorer d'autres chemins, d'associer le moderne à une dématérialisation de l'objet liée à une surdétermination des contenus narratifs, à une théâtralité qui n'est plus un mouvement à sens unique, mais un double mouvement, aller-retour de la scène au tableau".
(propos recueillis et écrits par Marisol)

3 commentaires:

  1. Merci pour ces explications, Danielle. Ce dialogue incessant entre peinture et théâtre permet d'aborder certains tableaux d'une manière différente, peu habituelle. Il est dommage que les conditions de visite de l'exposition n'aient pas été celles qui vous auraient permis de l'apprécier vraiment. Je suis cependant contente d'avoir eu vos impressions et votre analyse de ces oeuvres et je vous en remercie encore.
    Anne

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  2. Cette étude de l'exposition provient de Marisol et qui l'avait vue avant moi..sans me le dire.

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  3. Marisol a eu la délicatesse de respecter votre découverte de cette exposition. Cela a dû être agréable d'en discuter ensuite avec elle. Je la remercie beaucoup pour sa présentation.
    Anne

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