dimanche 6 décembre 2009

LE PETIT JOURNAL DES GRANDES EXPOSITIONS

ACTE - I -Néoclassicisme et académisme

En 1880, la Phèdre de Cabanel s'attire les foudres de Zola qui regrette amèrement l'anonymat du personnage : "Que dire de cette Phèdre sans caractère qui pourrait être aussi bien Cléopâtre que Didon?"
Et bien, moi je la trouve très belle, qu'importe le nom, c'est celui d'un personnage de tragédie. Certaines couleurs sont d'une beauté, les turquoises, les verts et les pourpres.

Alexandre Cabanel 1823-1889
Phèdre, 1880
huile sur toile 195 x 285 cm
Montpellier, musée Fabre

Le monde entier est un théâtre
William Shakespeare

Du néoclassicisme de Jacques Louis David à l'abstraction scénique d'Adolphe Appia, sur une vaste période chronologique qui s'étend de la fin du XVIIIe siècle au tout début du XXe siècle, les rapports entre peinture et théâtre s'intensifient. Les deux arts se mêlent, s'influencent, se confondent, partageant les mêmes idées, aspirant aux mêmes idéaux ; la peinture trouve dans les arts de la scène une nouvelle façon d'aborder le monde, y emprunte ses sujets, en adopte les effets. Les relations entre les artistes changent, les acteurs prennent conseil auprès des peintres qui s'improvisent décorateurs le temps d'un opéra.
Des artistes aussi différents que les néoclassiques David ou Pierre Narcisse Guérin, les romantiques William Blake, Eugène Delacroix et Henri Füssli, et, les peintres académiques Alexandre Cabanel, Paul Delaroche, Francesco Hayez, mais aussi Pierre Bonnard, Honoré Daumier, Edgar Degas, Mariano Fortuny, Gustave Moreau, Edouard Vuillard ou, enfin, Appia et Félix Valloton sont tour à tour les témoins de cet échange qui reflète à merveille l'avancée vers la modernité.
Le théâtre bouleverse la peinture d'histoire, modifie la dramaturgie du tableau, confronte le peintre à de nouveaux points de vue et conduit l'oeuvre aux confins de l'abstraction, au cours d'une exploration profonde, d'une mise en abyme de l'art dans l'art : une introspection picturale qui adopte l'illusion théâtrale pour langage.
(texte de Delphine Gervais de Lafond)

Acte 1 - Néoclassicisme et académisme
Les enfants de Corneille et de Racine : l'école française au temps de David
Sous le signe de Shakespeare : l'école anglaise autour de Füssli

Acte 2 - Romantisme
Le style troubadour, l'histoire théâtrelisée
Delacroix, Chassériau, Moreau : shakespeariens

Acte 3 - Symbolisme
Le temps du wagnérisme, l'esthétique symboliste

Acte 4 - Entre réalisme et impressionnisme
La modernité selon Daumier, Degas et Toulouse-Lautrec
Le Théâtre d'art et le Théâtre-Libre : Les nabis au théâtre
Vers l'abstraction du jeu scénique : Appia et Craig

1 commentaire:

  1. Tout est en effet très calculé dans ce style de peinture, ce qui rend le sujet parfaitement équilibré mais lointain, inaccessible, presque glacé. Le "naturalisme" de Zola ne pouvait qu'en être irrité.
    La notion de théâtralité, de mise en scène, se retrouve parfois dans l'art contemporain, mais pour mieux surprendre et toucher le "regardeur". On est donc à l'opposé de la conception de ce tableau.
    J'avoue que si j'admire l'habileté du peintre, ce tableau me paraît trop "séduisant" et j'aime la force du réel. En ce qui concerne l'emprunt au théâtre, je préfère une vision comme celle de Cy Twombly, par exemple, qui s'est plongé mentalement et émotionnellement dans le personnage d'Hamlet pour en restituer toute l'intériorité.
    J'évite également de classer les peintres dans des "mouvements" picturaux. Je ne suis pas d'accord, par exemple, pour Delacroix, Daumier, Degas...
    Mais mon commentaire va prendre beaucoup de place. Pardonnez-moi d'être aussi longue.
    Je vous souhaite un bon dimanche et j'aimerais avoir votre avis.
    Anne

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