jeudi 30 juin 2011

Moments privilégiés

Cette heure ne s'ajoute-t-elle pas au précieux trésor des heures enfuies ?

Oh ! Venise l'inépuisable, merci.

Henri de Régnier (Venise retrouvée, l'Altana)


©photo Cleia





©photo CLEIA


©photo CLEIA


©photo CLEIA


©photo CLEIA
©photo CLEIA


Ce moment-là fut un enchantement. Nous avons retrouvé Muriel et Dominique à

L'Atelier près de S.Giorgio dei Schiavoni, dans Castello, devant leur petite boutique.


La dernière création de Muriel, une pièce unique, qu'elle façonne au gré de sa fantaisie,

de son envie du moment, sur les épaules et la nuque de Dominique.


Dominique se prête volontiers et avec beaucoup de grâce à cette séance de photos.

Elle porte une de ses créations.

Sa robe tunique s'harmonise parfaitement aux couleurs profondes des perles.

Elle vient juste d'installer sur le mannequin de la vitrine,

la même tenue en noir d'ébène avec un collier de perles en branches de corail rouge.


Les perles et les costumes se lient, se complètent, s'épousent.

Les unes ne vont pas sans accompagner les autres.

C'est l'histoire des Muses de L'Atelier.


Merci à vous deux pour ces moments privilégiés,

Merci à Cleia pour ses photos,

Merci à Venise qui crée tous ces liens, toutes ces rencontres...

mercredi 29 juin 2011

APPUNTAMENTI


J'abandonne mes premières balades estivales pour évoquer quelques moments d'amitiés et de retrouvailles chaleureuses qui me sont nécessaires aujourd'hui. Lors de mon billet "Muriel la passionnée" du 15 avril dernier, je vous annonçais cet évènement du mercredi 15 juin à la Ca'Zanardi dans Cannaregio... Rendez-vous lancé par Muriel et noté aussitôt sur mon Moleskine.

Muriel Balensi ( L'Atelier)

Quelques articles recueillis la veille et ce sont les créations de Muriel qui sont à l'honneur !


En cette fin de matinée je passe à l'Atelier où je retrouve Muriel en pleine création, encore à quelques heures du défilé. Nous sommes heureuses de nous retrouver.
Dominique (les costumes) arrive à son tour accompagnée d'une amie vénitienne Barbara, une autre artiste. La bonne humeur, le sourire et la joie sont dans l'air !
Nous nous donnons rendez-vous pour le lendemain 15 heures...

Mercredi midi, je retrouve mes deux complices Catherine et Claudie.
Quand nous arrivons vers le rio S'Caterina, le soleil est accablant, la foule s'est réfugiée dans les salles du rez-de-chaussée où nous pouvons déjà faire quelques photos des créations, les visiteurs
s'éparpillent dans la cour, puis dans l'obscurité et la fraîcheur du hall donnant sur le rio, où la seule lueur provient de la porte d'eau.
Lorsque nous arrivons dans les salons du palais à l'étage noble, l'espace est déjà pris d'assaut depuis longtemps ! Pas une place pour s'installer, il règne une chaleur étouffante !
Nous faisons le tour de toutes les salles et il ne reste plus que la terrasse en plein soleil. C'est fichu pour nous ...aussi je vous conseille de faire un petit tour sur le blog de Destination-Venise
Alain Hamon a tout filmé.

Juste avant le défilé ces deux jeunes femmes nous présentent des créations de Muriel.




Nous nous retrouvons dehors dans la chaleur, vous pouvez voir sur ces images la lumière qui règne à ce moment précis sur le rio S'Caterina, les deux premières sont prises sur le pont pour rejoindre la calle Zanardi et la dernière est la vue depuis la porte d'eau de la Ca'.
Pour me faire pardonner, je vous prépare un autre billet où vous pourrez assisté, sans foule, en aparté, à la présentation de la dernière création de Muriel, celle que j'avais juste entrevue la veille, et notre charmant mannequin est Dominique, l'autre Muse de l'Atelier... (à suivre)

mardi 28 juin 2011

SUR LES TRACES D'UNE ABSENCE *

à Gérard,

"On n'est pas artiste
sans qu'un grand malheur
s'en soit mêlé.
C'est un jeu qui exige
que nous restions en éveil."
Jean Genet

Aujourd'hui, le silence de la ville est devenu le sien, et l'énigme demeure indemne. Le désir d'absolu dépouille l'homme de sa propre vie, la mort abandonnant derrière elle un nom vide.
Laisser sur la terre l'empreinte la plus légère de son humanité est rendre hommage au monde. L'adieu s'accompagne de tristesse, mais suit dans la lumière le cours miraculé de ceux qui ont su voir. Alors tout est chant, qui s'évanouit comme une ombre sur leurs traces...
Bernard Neau, Venise Miroir des Signes *

lundi 27 juin 2011

INLASSABLEMENT


Un roulement sonore avance du fond de la calle, accompagné d'un petit sifflotement. Deux jeunes balayeurs des rues apparaissent, l'un suivant l'autre, poussant chacun sa baladeuse et marchant au pas, comme des militaires d'opérette, au rythme de leur ariette et au fracas du métal sur le pavé. On peut bien s'amuser même avec des baladeuses de balayeur, si l'air est léger et si l'on a hérité d'une ancienne science du sourire.
Il faut s'aplatir contre le mur de la calle, où ce petit cortège a peine à passer. L'un des balayeurs continue sa route, l'autre sonne à la porte en face. Comme poussées par un ressort, des têtes apparaissent en même temps à tous les étages. Du fond de la calle, mon regard, coulant le long du haut mur ponctué de visages, glisse dans le ciel clair...
(Liliana Magrini, Carnet Vénitien)


Cette rumeur de voix humaines, et marcher dans les rues parmi des êtres humains, dans le bruit de leurs pas. Ce matin, il y a un beau ciel d'orage, parfois traversé d'éclairs de soleil. Un ciel vigoureux qui conviendrait mieux à la Toscane. Et pourtant, la ville est bien belle, parcourue d'ombres changeantes : elles s'étalent sur les façades, les font respirer, réveillant en touches estompées des verts de cuivre, de pâles rouges de brique, quelques jaunes épuisés.
(Liliana Magrini, Carnet Vénitien)









Après une absence, plus ou moins longue, ma première journée est souvent vouée au renouement du lien, dédiée à cet attachement fidèle et immuable qui me lie à cette ville.
Il est essentiel que le fil de mon rêve resté en suspens, reprenne là où je l'ai laissé.
Recommencer mes flâneries dans ces lieux ô combien aimés et explorés, espérant à chaque fois que mon regard puisse à nouveau les découvrir, sans limite, sans jamais se lasser, s'en lasser, m'en lasser...
Infatigablement mes pas me ramènent vers ces lieux où j'erre, où je n'entends que Venise, où je ne vois que Venise !
(Danielle VenetiaMicio)

vendredi 24 juin 2011

SIRE SURIÀN ( 6e épisode )


La sieste leur rappelle ses exigences, ils s'endorment roulés les uns près des autres en tas disséminés un peu partout dans les caches du jardin.

Il court, il est en sueur, le troupeau de gazelles s'éparpille dans un nuage de poussière, une femelle a sauté au cou d'un jeune et a planté ses crocs. L'animal chute, ses jambes graciles sont secouées de spasmes, les crocs s'enfoncent, l'oeil de la lionne est intraitable, c'est fini, la vie a quitté le jeune mâle. Les fauves s'approchent et partagent la chair encore chaude. Le silence les isole du monde. Au loin, le troupeau s'est reconstitué, la doyenne sait qu'elle a perdu un des siens, sa patte blessée ne lui a laissée aucune chance !

Noil s'éveille, l'odeur du sang est dans sa bouche. Il s'étire perché sur la pointe de ses pattes, le dos arc-bouté, la tête repliée, la queue dressée. Il se dirige ensuite vers un arbre dont il gratte énergiquement l'écorce, un bruit l'interrompt, il s'aplatit, il guette. Un merle tire un ver de son trou, il bondit, l'oiseau le regarde arrogant et s'élève, raté il était trop loin ! Gringalet rigole et Pacha secoue ses moustaches. Dédaigneusement, sans un regard pour eux, il se met à sa toilette.


Il mouille longuement sa patte avant et frotte avec application l'arrière de ses oreilles, l'une puis l'autre. Il s'attaque ensuite à ses pattes dont il tire avec un bruit sec les griffes. Tel un contorsionniste, il lèche ensuite son dos à grandes lapées et plié en deux, une patte levée il brique son ventre. Pendant tout ce temps, ses deux amis impassibles lui tournent le dos et assis et fiers regardent au loin dans leurs pensées. Noil se lève et ils repartent bras dessus bras dessous. Une grande aventure les attend. Des voix qui s'interpellent les immobilisent. Noil reconnait le groupe de Grands bruyants vus le matin. La petite fille s'exclame.

- Regarde Mamie comme ils sont beaux ces chats, on dirait les nôtres !

- Tu as raison ma chérie si je n'étais pas certaine qu'ils sont à des centaines de kilomètres chez nous, je dirai que c'est eux.

- En plus observez bien leur attitude, dit le grand-père, ils font comme à la maison, le noir et blanc joue au Pacha et le plus petit, avec ses yeux lagune cernés de noir, fait son timide.

- Moi j'aime bien aussi le petit roux même si celui là on le connait pas, ajoute la petite fille.

-Pourtant il me fait penser à un chat de mes amis, précise la grand-mère.

- Papa, Maman dépêchez-vous de venir, nous avons trouvé les sosies des chats de Mamie, dans un grand jardin... Oh ! Trop tard, ils sont partis !

- Ne t'inquiète pas je les ai photographiés lui glisse à l'oreille sa grand-mère.

- Allez ! Dit le grand-père, qui voudrait un bon chocolat ?

La petite troupe de chats attend qu'ils disparaissent dans la ruelle pour sortir de sa cachette, ils ont une oeuvre à accomplir, oh combien importante ! Ils partent réveiller tous les grands anciens.



La nuit commence à tomber sur la lagune, l'eau se teinte d'émeraude et les canaux ondoyants ressemblent à des serpents endormis tandis que le Goéland plane longuement. Il se rapproche peu à peu de Venise. Il est porteur de nouvelles. Il franchit la barrière protectrice de la Giudecca et survole son large canal, là il rêve encore à la mer. La grande proue de la Pointe de la Douane s'étend sous ses ailes avec son toit rouge aux plissés réguliers. Il vire devant la Fortune, cette statue d'humaine aux formes arrondies dont il admire les talents d'équilibriste sur sa boule d'or. Il se pose sur son bras rendu. Un coup de vent soudain fait tournoyer la girouette et notre oiseau, secoué brutalement, s'échappe mais il a été vu par ceux qu'il doit éveiller. Il se dirige alors vers la Piazetta, les gondoles sagement alignées lui font penser à des sardines. Le ciel semble avoir déversé toutes ses étoiles dans l'eau miroitante. Il passe entre les deux colonnes et ses fabuleuses créatures, son regard perçant s'immisce dans les yeux du lion de bronze. Une lueur s'y est-elle éveillée ? Il longe la ligne des dessins géométriques qui ornent le pavement interprétant avec soin leurs graphismes. Au sol, alors que les élégants réverbères commencent à s'allumer, ça grouille encore en tâches dispersées et mouvantes. Il survole le Palais des Doges et ses dentelles, d'un piqué brusque il fond sur la galerie, se glisse entre deux colonnes et ne sort que quelques minutes plus tard par l'entrée du Palais. Là aussi il a rencontré de nombreux anciens. Il reprend de la hauteur en expert voltigeur et se rapproche des cinq coupoles du toit de la Basilique qui dressent là le galbe parfait de leurs seins gigantesques noyés d'un bleu profond. Il sont là comme des gonds géants prêts à résonner et à répercuter la nouvelle qu'il porte. Il s'enfonce dans le coeur de la ville nimbée de nuit et se perd dans le dédale des toits, son travail n'est pas achevé !




La jeune Bianca s'affaire avec vivacité autour des tables bondées de son restaurant. Des conversations et des rires montent pour former une mosaïque dansante au-dessus du campiello Del Remer. Du canal à la peau moirée comme celle d'un reptile monte un souffle. Non loin de là, la Pescheria vide s'endort, ses grands rideaux sont ouverts sur le spectacle de la rue qui scintille. Des gens vont et viennent dans les calli colorées et bruyantes, certains jeunes gens le visage plein de rires se posent sur les parapets des ponts ou sur le rebord des puits, les cafés sont pleins. Le petit palais rouge, son balcon illuminé, s'habille de lumière pour faire honneur à son peintre Giacomo Favretto comme si le temps s'était arrêté. Sur l'eau noire du Grand Canal des vaporetti pleins glissent silencieux, leurs yeux allumés.



Dans la corte de la Mer, Antonio, tout de noir vêtu, sort précipitamment, il vient de recevoir un appel étrange. A son doigt brille son anneau lion, ses cheveux serrés en une longue tresse dansent au rythme de ses grandes enjambées. Derrière lui, le Castello s'éteint progressivement. Les Vénitiens ont été les premiers à sentir le charme qui s'empare de leur cité, ils ferment leurs portes. La ville pétille encore de la joie d'un jour ordinaire mais dans les coins obscurs d'étranges assemblées se constituent. Les messages de Noil sont arrivés à destination, chacun se prépare, chacun attend.





Devant les tourelles de l'Arsenal règne une tension inhabituelle. Le grand lion de Pirée, enveloppé d'ombres multiples, semble plus grand qu'en plein jour. Tout en haut du Campanile quelque chose a bougé. Un peu partout dans la ville des frémissements furtifs courent dans les pierres des murs et le bois des portes. Les chapiteaux s'animent de formes inhabituelles, les grilles tintent, les puits communiquent. La masse des eaux des canaux enfle. Une étoile d'araignée géante tisse ses fils sous toute la ville. Les deux colonnes irradient comme des phares et ouvrent grand leurs yeux tournés vers le large. Une vie multiple cherche à éclore. Les restaurants se vident peu à peu, les salles de spectacle ferment, les rues s'emplissent puis se vident. Chacun se sent soudain pressé de rentrer, les derniers noctambules font bruire le silence. Les tables débarrassées, la vaisselle rangée, Bianca sort et part rapide et légère, sa fatigue de la soirée envolée comme par magie. (à suivre)

Marie-Sol MONTES-SOLER

Les images :
Les photos des chats sont de CLEIA
Le reflet est de Catherine Hédouin
Les photos de nuit de la Pescheria sont de moi avec l'aide de mon coach Cleia
Et toutes les photos qui suivent sont de Catherine Hédouin.

jeudi 23 juin 2011

DANS LE SECRET DES VENELLES...

... Beauté du simple quand les choses sont les guetteuses de l'ombre et en expriment la nudité. Cette présence de Venise est comme en retrait de la sienne, et il laisse venir jusqu'au regard ce caillou, ce brin d'herbe, cette porte de bois.
Rien ne se contredit - pas cette plante échappée d'un muret, ces volets entrebâillés, ni ce rebord de fenêtre où sommeille un petit chat... La vie est là, parfaite, sur les murs, le sol, dans l'évidence de la lumière. (Bernard NEAU, Venise miroir des signes)








Toujours à l'affût du plus petit détail, je vous entraîne dans une ronde à travers le labyrinthe de ses ruelles. Peut-être serait-il temps de nous arrêter et de se reposer, alors suivez-moi chez mon ami Roberto, il se fera un plaisir de nous accueillir. Un petit verre de Prosecco ?


Osteria Al Milion © VenetiaMicio
Osteria Al Milion © VenetiaMicio
Osteria Al Milion © VenetiaMicio
Vous allez voir je vais faire des progrès...là c'est le début, mais je n'ai pas dit mon dernier mot !

Buona notte

Osteria Il Milion
corte 1a Al Milion
San Giovanni Grisostomo, 5841
www.ilmilion.com

mercredi 22 juin 2011

SANS FIL D'ARIANE...


Avez-vous jamais vu quelqu'un ici, se dépêcher ? Au surplus, on le voudrait que l'on n'y parviendrait pas. Tous ces petits ponts en dos d'âne, avec leurs marches à gravir, leurs marches à descendre : on serait vite à bout de souffle ! Et ces quais étroits, le plus souvent dépourvus de parapets : on risquerait de choir dans l'eau ! Et ce dédale de ruelles où, à chaque instant, un tournant, un croisement, un étranglement contraignent à rompre la course... Rien de plus facile que de se perdre dans Venise ; rien, non plus, de plus amusant : Dans ce labyrinthe sans Minotaure, être un Thésée sans fil d'Ariane !
(J.L. Vaudoyer)








Après ma flânerie à la Mostra mercato dell'antiquariato, j'ai traversé avec le traghetto pour rejoindre la calle Widmann espérant visiter la Casa di Corto Maltese. Vivant sans montre, je n'avais pas fait attention l'heure avait tournée, le petit musée était déjà fermé. Peu importe, nous allons nous promener encore un peu, prendre le temps et déambuler tranquillement...