mercredi 28 mai 2014

Giovanni Nicola Maître Verrier à Murano

Le verre est un amalgame.Incandescent, il évoque la vase sur laquelle Venise repose.
Soufflé, il se transforme en coupe. Matière fragile et dure à la fois.
Comme la ville, il doit être manipulé précautionneusement pour ne pas se désagréger subitement.
Le verre et Venise, alliance parfaite : tous deux, derrière leur précieuse apparence, 
camouflent bien des histoires. Le verre s'habille des transparences colorées 
que la Sérénissime reflète dans ses eaux ; fragments d'arc-en-ciel fascinants qui se morcellent
en nuances éthérées. La finesse des verres anciens touche  à la limite extrême de la matière.
Nés du talent d'un maître verrier, ils sont uniques par leurs formes, leurs couleurs et 
leurs ornementations. Quant à la plasticité des pièces contemporaines, elle fait triompher la créativité de l'artiste alliée à la dextérité de l'artisan.
Alexandrine de Mum, Venise racontée par les Vénitiens

©Cleia
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Vetreria Artistica Antonio Seguso

lustre Giovanni Nicola dans l'atelier de Muriel Balensi, perlière à Murano



Au mois de mars, j'ai fait une belle rencontre, celle avec le maestro vetrai  Giovanni Nicola.
Lors d'une petite soirée improvisée, nous avons fait connaissance et j'en garde un excellent souvenir.
À l'issue de ces moments de découvertes, à discuter de son art, Giovanni m'a invitée à venir le voir
à Murano, dans sa fonderie.

Le verre naît de la fusion d'un mélange à base de silice (sable de Fontainebleau, quartz, grès ou autre) et d'alcalis (soude et potasse).

Après avoir cherché un peu mon chemin à travers les bâtiments, je pénètre dans la salle des fourneaux.
Il me faut un peu de  temps pour habituer mes yeux à la pénombre, j'aperçois Giovanni qui travaille
avec son équipe. Une lueur filtre à travers les hautes fenêtres ornées de vitraux colorés, le lieu ressemble à une cathédrale envahie de fours, d'outils rangés et luisants sur de petites tables.
Il fait chaud aussi, le fornace a sa gueule ouverte et je ne vois plus que lui !
L'ambiance est fascinante.
Hypnotisée par le ballet incessant de la pièce façonnée par l'un ou par l'autre,  j'admire la précision des gestes de Giovanni jonglant avec elle, la précipitant dans le feu pour obtenir le résultat désiré.
J'en oublie presque de faire des photos, heureusement qu'il y a une autre paire d'yeux qui suit le spectacle.
Merci à toi Cleia.

Giovanni, dès son plus jeune âge, a appris le métier, comme son père et son grand père avant lui,
des gestes hérités de son Maître Archimede Seguso, avec qui il a travaillé jusqu'à la mort de celui-ci.
Aujourd'hui c'est aux côtés d'Antonio Seguso, le petit-fils, qu'il poursuit cet art magnifique.

Tous mes remerciements à Giovanni qui m'a fait un grand honneur en m'invitant au fornace.



quelques sources :


MANUFACTURE VETRERIA ARCHIMEDE SEGUSO (1946 –)

Fils du maestro Antonio Seguso (1884-1965), et descendant d’une famille active dans le travail du verre depuis le XVIe siècle, Archimede Seguso (1909-1999) fait lui-même ses débuts dans la profession à l’âge de treize ans. En 1933, il participe avec son père à la fondation de la firme Barovier Seguso & Ferro (devenue Seguso Vetri d’Arte en 1937), et y officie en tant que maître verrier de 1933 à 1942.

En 1946, il prend son indépendance et ouvre la Vetreria Archimede Seguso, dont il devient le principal designer, tout en conservant son activité de maître verrier. Sous son impulsion, la fabrique produit des sculptures de verre (modelées à chaud) et des pièces soufflées très raffinées. Remettant au goût du jour d’anciennes techniques vénitiennes (comme le filigrane et les baguettes zanfirico), ses modèles rencontrent immédiatement un vif succès (Merletto, 1951 ;Composizione lattimo, 1954 ; Piume, 1955 ; etc.). Bien qu’auteur de la plupart des modèles de la société, Archimede Seguso accueille aussi volontiers des designers indépendants (tels que Ricardo Licata, Giuseppe Santomasso, ou encore Charles Lynn Tissot), et ce, dès les années 1950. Durant les années 1960, la fabrique produit principalement des pièces de couleurs vives. Dès 1973, elle est cependant durement touchée par la crise, et doit restreindre pendant quelques années ses expériences créatives au profit d’objets plus classiques.

Archimede Seguso a participé à un grand nombre d’expositions (Biennales de Venise, Triennales de Milan et Liège, etc.). Plusieurs lui ont aussi été consacrées de son vivant : Il Maestro dei Maestri (1989), New York (Tiffany & C.), exposition organisée par l’association américaine Save Venice ; Archimede Seguso, Musée Otaru (1990, Japon) ; et I Vetri di Archimede Seguso (1991), Venise (Palais des Doges).

Devenu une véritable légende à Murano, Archimede Seguso a continué à pratiquer sa passion jusqu’à son dernier souffle (1999). Il n’avait pas manqué de transmettre son amour du verre autour de lui : son fils Gino (1938) est ainsi entré dans la société en 1959 comme administrateur ; son fils Giampaolo (1943) y a travaillé dès 1964, avant de la quitter pour fonder en 1993 sa propre entreprise (Seguso Viro) ; son petit-fils Antonio (1967) l’a assisté dès 1985 ; et son frère Angelo (1921), auparavant maître verrier chez Seguso Vetri d’Arte, l’a rejoint en 1988. 


www.ville-ge.ch/musinfo/bd/ariana/catalogue/index.php


L'Art du verre

Pendant cinq siècles l'île de Murano a été le socle d'une industrie des plus florissantes, rivalisant avec les techniques du cristal de Bohême. Les fabriques de Murano, connues du monde entier, fournissaient à la Cour de France, à la Cour impériale d'Autriche, aux Cours des Duchés italiens, comme aux palais de Venise les plus beaux lustres de cristal polychrome ou les miroirs aux encadrements de verre taillé.

Mosaïque du palais Barbarigo en honneur à l'Art du VerreLa renommée de Murano est internationale depuis 800 ans, car elle s'est rendue maîtresse de l'Art du Verre qu'elle détient encore, quoique banalisé, mais toujours prospère.

L'art du verre fut pratiqué, en Europe, dès l'époque romaine. Il se développa sans doute à Venise vers le 10e siècle et y prit rapidement de l'importance, malgré le danger que représentait le fonctionnement des fours (fornace) dans une ville au tissu urbain très dense.

Le Natre
Il faut remonter vraisemblablement aux Egyptiens qui, par bateaux, transportaient le natre (natron) nom ancien donné au carbonate de sodium cristallisé servant à la conservation des momies. Ils l'extrayaient du lac de Natroun, en Basse Egypte, à l'état de dissolution.

En se trouvant sur une rive sablonneuse et en allumant un feu pour un repas ou pour la nuit, il a pu se faire incidemment qu'un contact se produise entre le natre et le sable et que les flammes favorisent leur fusion commune en une lave translucide se mettant à couler, avant de se solidifier en se refroidissant.

Le natre a joué le rôle de "fondant" à l'égard des composants du sable : silicecalcairepotassesoude.

Ainsi, des millénaires avant notre ère, la pâte de verre gagne peu à peu le Moyen-Orient, puis plus tard la Méditerranée et enfin Rome.

Au 10e siècle, Venise est à son tour conquise par l'expérience. Les premiers verriers s'installent dans la riche cité.

La qualité spécifique du sable de la lagune vénitienne, la qualité de l'air ambiant et le savoir-faire d'un peuple ingénieux et inventif ont pu donner naissance à un matériau prodigieux, mis au point pendant des siècles d'expérimentation qui a conduit à l'Art du verre.


Les techniques de production
Aux techniques de la création s'ajouteront la recherche à l'infini des formes, la recherche des colorations par les oxydes métalliques, les substances végétales, animales, et par les opacifiants.

Les couleurs et les pâtes célèbres sont pour quelques unes le rubis rouge sang, l'aigue-marine, la blanc de lait, l'aventurine pailletée de cuivre si difficile à réussir, le millefiori qui donne naissance aux perles.

Toutes les techniques atteignent la perfection : émailgravurefiligrane, incrustation d'or, d'argent, de pierres précieuses.

Les matières premières, silice, soude, potasse, chaux, contenues dans le sable blanc, les opacifiants, les colorants, sont versés dans un creuset réfractaire déposé au centre du four, à la température de 1 400 degrés centigrades.

La boule incandescente, malléable, qui se forme est saisie à l'aide d'une canne creuse par le "cueilleur" ouvrier ou apprenti qui la passe au maître-ouvrier. En tournant la canne sur les bardelles, par torsion des poignets, avec des gestes presque sensuels, celui-ci façonne la masse vitreuse, l'étire à l'aide de pinces, la taille avec les ciseaux en éliminant les parties inutiles. Les outils sont restés les mêmes depuis des siècles.

Peu à peu l'ébauche prend forme. Il faut aller au four plusieurs fois pour maintenir la souplesse de la masse travaillée et soufflée par l'artiste.

A l'aide d'une truelle (paletta) l'objet, allongé, affiné par le soufflage se modèle, s'harmonise, s'unifie, se lisse dans une implacable précision de gestes, selon la volonté et l'imagination, jusqu'au résultat désiré.

Le savoir-faire des maîtres-ouvriers de Murano, transmis de père en fils fut de réputation unique au monde.

L'objet fini, refroidi, ira rejoindre les rayons d'exposition de la fabrique de verrerie.

Les chandeliersvasescoupesplatsgobeletsverrespichets, ainsi que les petits sujets animaliers, les personnages colorés de la comédie italienne sont les représentants d'une fabrication banalisée de sujets stéréotypés dont les touristes sont friands. Les magasins sont nombreux dans les rues principales.

www.lacoste-pezenas.com/le-verre-de-murano

vendredi 23 mai 2014

Autour du Campo S'Boldo

À Venise les heures ne sont pas les heures d'ailleurs.
Henri de Régnier




   corte et sotoportego de Ca'Mariani


 corte et sotoportego dei Tagiapiera




corte et sotoportego de Mezo

sotoportego de la corte Nuova

mercredi 21 mai 2014

Calle delle Oche











J'aime bien faire un petit tour par là, c'est toujours tranquille, on peut prendre le temps pour faire quelques photos.
Ce matin la lumière est particulièrement belle.

Oca signifie oie, pourquoi des oies à Venise ? 
On raconte qu'une chanteuse habitant là importunait sa voisine par ses chants. Celle-ci pour se venger fit venir des oies sous sa fenêtre pour la réveiller de bon matin.
(source toponymie vénitienne claudesoret.free.fr)

Lorsque je regarde les patères je n'ai pas l'impression que ce sont des oies, je dirais que ce sont plutôt des paons, par contre sur la patère où l'on voit deux longs cous enlacés je pencherais plus sur des flamants roses.
J'ai  fait quelques recherches sur les "patere" veneto-byzantines...

On attribuait au paon, une caractéristique très particulière, c'est-à-dire, l'incorruptibilité de la chair.
Pour cette raison le paon, dans l'art byzantin est devenu le symbole de l'immortalité et de la Résurrection.
Les "patere" représentant des animaux au combat se réfèrent symboliquement à la lutte éternelle entre le bien et le mal. Quand les animaux sont en train de boire, ils symbolisent le désir de connaissance, tandis que quand ils sont en train de manger le raisin, ils représentent l'abondance et le bien, ceux qui s'embrassent l'amour et l'entente, l'harmonie. (source Venicethefuture.com)

lundi 19 mai 2014

Ponte del Megio










On se sent toujours bien lorsque l'on arrive sur le campo.
Le campo San Giacomo dell'Orio a un charme fou, une belle église, des cafés un peu partout, des bancs
où l'on peut s'arrêter un peu. Les Vénitiens font leurs courses, les enfants jouent, je vais en profiter moi aussi pour prendre mon petit cappucino !

dimanche 18 mai 2014

Autour du ponte Del Megio









L'ambiance de ce lieu m'enchante comme toujours.
Mais il faut attendre souvent très longtemps pour capter le pont, sans silhouettes, être rapide comme l'éclair, car c'est un passage incessant d'écoliers, d'étudiants, de touristes et surtout de Vénitiens, point stratégique pour rejoindre le campo S.Giacomo da l'Orio. Mais c'est aussi  un des trajets, parallèle au Grand Canal, véritable labyrinthe de calli.

BON DIMANCHE