lundi 28 février 2011

BUONASERA

" Reflet taciturne de l'autre rive, le silence se voit.
L'esprit est apaisé, serein, transporté dans un monde où le temps semble avoir moins de prise , où l'on sait encore s'arrêter, regarder, écouter ce silence ."
Jean-Paul Sartre

UNE BELLE JOURNEE EN PERSPECTIVE...




©Catherine Hédouin
Voilà, elle est là merveilleuse, elle vous attend !
Bon séjour à Catherine, à Danielle et à tous les autres...

dimanche 27 février 2011

L'ESPRIT DU CARNAVAL

©Catherine Hédouin

©Catherine Hédouin

L'esprit du carnaval ...
L'évènement me faisait peur. À cause de la foule qu'il drainait, tout d'abord, alors que j'aime jouir d'une cité livrée aux ombres du passé, à ses habitants au parler haut en couleur, ou encore aux chats silencieux et éloquents. Peur aussi du côté mondain que la manifestation sous-entendait. Et puis, sans en être tout à fait conscient, par une inquiétude diffuse que la simple évocation des fêtes du carnaval faisait naître en moi, comme s'il s'agissait de goûter à un cocktail dangereux, trop savoureux pour ne pas être nocif, voire capable de créer une dépendance. Une sorte de pressentiment me retenait d'aller juger par moi-même, une hâte de fuir Venise me saisisait avant que la fête commence, pour n'y retoruner qu'après, aux premiers jours du printemps.
Venise, carnaval secret, Robert de Laroche

samedi 26 février 2011

C'EST PARTI ! LE SPECTACLE EST DANS LES CALLI...

Sous le masque...

Dissimuler ses traits sous un masque n'est pas une action sans conséquences. C'est le sésame, pour bien des participants du carnaval, qui leur permet de laisser filtrer une partie invisible de leur personnalité. Jusqu'au regard des personnes que vous connaissez bien et qu'il est impossible de reconnaître, car le contour du masque n'épouse jamais la forme de leurs yeux. Mais attention ! Entre provocation, timidité et mystère, le recours à la mascarade vous entraînera probablement plus loin que vous n'osiez l'imaginer...
(Venise, carnaval secret, Robert de Laroche)


carnaval 2010 ©Catherine Hédouin

carnaval 2010 ©Catherine Hédouin

carnaval 2010©Catherine Hédouin

carnaval 2010©Marisol

Le carnaval de 2008, celui de 2010 ou l'histoire d'une rencontre...
Pendant la fête, on se croise, on voit les mêmes choses mais on ne se connait pas !
Puis un jour, au fil de nos images, on fait connaissance à travers un blog.


vendredi 25 février 2011

QUE LA FÊTE COMMENCE

D'un carnaval à un autre, quelques jolies photos de Catherine, en attendant les prochaines, patience...


photos carnaval 2008©Catherine Hédouin

En 2008, le Carnaval se déroulait très tôt, ces photos ont été prises le jour de la Chandeleur, le 2 février, il avait plu toute la journée... La veille, je passais près du Sotoportego, aucun masque, aucun costume aux couleurs de feu, le hasard n'a pas voulu que je rencontre Catherine ce jour là !
La fête était dans les calli, sur les campi et sur la Piazza depuis une semaine déjà !
Une envie folle de la revoir...depuis combien de temps n'étais-je plus retournée à Venise ? Je trouvais le prétexte de la faire découvrir à une amie, pourquoi pas à ce moment-là après tout, pour une première fois n'était-ce pas une belle rencontre ?
Je m'accordais donc quelques jours à la sauvette en milieu de semaine, en plein hiver, Venise nous offrait une lumière rosée, brumeuse, pluvieuse, mais devenait si intime dès que l'on quittait les abords des festivités, des défilés, du Florian, des Procuratie, du Molo, de S'Marco...

jeudi 24 février 2011

DANS LE LABYRINTHE DES RII...

" Le charme de Venise contente tout caprice. Et moins l'on sait où l'on va, plus l'issue a de grâce, le plaisir s'y parant de la surprise." André Suarès



photos©Catherine Hédouin
[...] Tout commence et finit à Venise, île-ville dont l'enceinte est composée de murs d'eau dissimulant les Sept Portes permettant de se faufiler (mais encore faut-il trouver la clef) dans l'invisible. Ici, Hugo s'efface derrière Corto, qui consent à jouer pour nous le rôle de guide, ce loup de mer est un poisson pilote, un détecteur de métaux précieux, la tête chercheuse filant, torpille émerveillée, vers les galions chargés du pactole de la Mélancolie. Corto Maltese traque de signe en signe la "Clavicule de Salomon", émeraude magique gravée de formules cabalistiques dont la connaissance permettait le dialogue avec les esprits ; la "clavicule" représente une espèce de sésame susceptible d'éluder les obstacles s'opposant à la progression du rêveur éveillé en direction de l'Oeuvre au Rouge, le point où l'or se mue en Soleil. De la calle del Sangue à la Punta Magica (la Dogana) en passant par le pont des Equarrisseurs ou le chemin des Dames aux Cheveux bouclés, tous les itinéraires se chargeront ainsi d'un contenu ésotérique.[...]
Corto Maltese dans le labyrinthe, extrait du "Piéton de Venise" de Marc Alyn.

mercredi 23 février 2011

L'ÂME DE VENISE

" Tout ce qui touche à Venise est ou était extraordinaire.
Son aspect ressemble à un rêve, et son histoire à un roman ". (Byron)


photos ©Catherine Hédouin

[...] La voix s'est tue sur la barque sombre qui continue d'errer par le dédale des canaux. La voix s'est tue, puis elle recommence son chant moqueur et passionné. Parfois la péotte s'arrête et nos gondoles se rapprochent. Il y a , à Venise, des carrefours d'eau où les canaux se croisent et forment des places marines. En voici une où nous faisons halte. La voix charmante y résonne et y répète les charmantes mélodies qui s'appellent la Biondina in gondoletta ou Avvertimento, et celle qui commente des vers de Pagello et celle qui s'intitule La nott'è bella et qui se termine par une longue plainte toute orientale où s'expriment toute l'étendue et toute la mélancolie de la lagune, et cette autre, si gaie, si vive et dont le refrain semble soulever son masque pour montrer l'éclat, si jeune, de son rire. Chacune d'elles est un peu de l'âme de Venise, de la Venise du Carnaval, de la Venise d'autrefois, de la Venise de jadis, celle d Musset et de George Sand, la romantique à laquelle nous nous étions promis de ne pas céder et à laquelle nous nous abandonnons en cette douce nuit de rêverie et de musique.[...]
Henri de Régnier, L'Altana ou La Vie vénitienne, 1899-1924
extrait de la sérénade de Reynaldo Hahn, dans Venise entre les lignes , Musique et sérénades

mardi 22 février 2011

UN PEU DE DOUCEUR AVANT LA FÊTE...


©Catherine Hédouin

Après l'opacité trouble qui semblait avoir établi ses assises définitives sur la ville, on a été saisi, ce matin, par le pur éclat d'une clarté froide, sous un ciel distant. Une netteté bleue, tranchée au couteau, dans le contour des maisons. Seulement sur la Riva battue par le vent, au-dessus du silex aveuglant, des palais en barrettes blanches. Les vitres rasées par la lumière sont dures comme des plaques de métal. Les flaques de pluie, qui demeuraient, au premier matin, dans les creux du pavé, luisaient comme des éclats de lune sur une mer froide.

Liliana Magrini, Carnet vénitien.



lundi 21 février 2011

EN ATTENDANT PRIMAVERA VENEZIA

©Catherine Hédouin


À VENISE...


Un beau jour, au printemps,
quand la lagune sera calme, et que la fraîcheur d'une dernière pluie couvrira ton corps d'un voile brillant
je reviendrai...
Et là, mon rêve pourra recommencer au milieu de tes ruelles
autour de tes églises, et le long de tes canaux...

Je reviendrai vers toi, vivante, rescapée des jours languissants et des semaines d'un hiver "prison"
pour renaître sur la terre Sacrée...
au coeur de ta beauté.

Et quand, embarquée sur le dernier vaporetto du soir, j'entendrai l'exclamation familière : Prossima fermata : Rialto !
j'irai m'asseoir au bord du quai, sous les arcades désertes de ton marché endormi...

Venise d'hier, Venise de toujours
je reviendrai un jour de printemps,
après la pluie, te respirer...

Je reviendrai t'aimer.

Gabrielle.S (2006)
vous aviez pu lire ce joli texte de Gabrielle, porté en commentaire du billet du 13/02/11 Venise à l'infini...Merci à elle, et en attendant (un peu en avance) le printemps vénitien...Belle journée à tous !

dimanche 20 février 2011

Une belle exposition à la Giudecca ...

En ce moment à la GALLERIA S.EUFEMIA, une jolie exposition de peintures de Venise vue par un groupe de peintres américains....



Une superbe affiche, très attirante...
et une huile sur toile du peintre Robert Morgan, mon coup de foudre
S.Sebastiano,2007 ©Robert Morgan

...d'autres peintres ont retenu mon intérêt, Geoffrey Leckie et Maggie Siner notamment, et bien entendu Huck Scarry que vous connaissez tous avec son carnet de voyage aux belles aquarelles "Dario Veneziano" ...

samedi 19 février 2011

Rétrospective Félix ZIEM

Actuellement au Palais des Arts à Marseille
Orientaliste dans l'âme, il avait fait de la Méditerranée son horizon de prédilection.
A Venise, sa deuxième patrie, son pinceau brossait le vert de la lagune et la lumière, comme un mirage. De Marseille à Martigues, d'Arles à Nice, de la Turquie à l'Algérie et l'Egypte, il reste aussi l'un des précurseurs de l'impressionnisme. Sa productivité fut intense. Toiles, papiers, panneaux, bois, Félix Ziem l'idéaliste vendait du rêve. Seul artiste à être entré de son vivant au Louvre, en 1910, il nous promène aujourd'hui dans la vision chaude d'un exotisme enchanteur.
(commentaire de Caroline Guiol pour la revue Côté Sud, à l'heure du Sud)


Le grand Canal

Santa Maria della Salute

Mas à Martigues

Le bucentaure
du 4 février au 22 mai 2011
Marseille, Martigues, Venise, Turquie, Afrique du Nord, Russie.

La Fondation Regards de Provence souhaite rendre un hommage appuyé au grand peintre pré-impressionniste et orientaliste Félix Ziem (1821-1911), en présentant une grande exposition rétrospective de son oeuvre, à l'occasion du centenaire de sa mort. Cet évènement, prévu du vendredi 4 février au dimanche 22 mai 2011 au Palais des Arts de Marseille, présente tous ses thèmes favoris - sujets d'histoire, de genres, portraits et natures mortes, mais avant tout ses paysages animés et ses marines. Cette présentation rassemble près d'une centaine de peintures, d'aquarelles et de dessins de différents musées et de nombreux collectionneurs privés.
Parmi les sites de prédilection de Ziem, le visiteur admire des vues de Marseille et de l'Estaque, lieu emblématique qu'il représente parmi les premiers artistes du XIXe siècle, des panoramas de Martigues et de l'étang de Berre. On contemple surtout ses lumineuses vues de Venise - sa deuxième patrie, où ses toiles de la cité lacustre sont marquées par la lumière et le vert de la lagune vénitienne. Attiré par la Russie, Ziem brosse des portraits et scènes de vie russes. Fasciné par les rives de la Méditerranée, Ziem rapporte des compositions orientales. De ses voyages de Constantinople, d'Egypte, mais aussi d'Afrique du Nord, ses tableaux, irradiés par un soleil éclatant, sont des odes à la couleur, brillant de mille et une tonalités, qui établissent durablement sa réputation de peintre orientaliste.

LES ENFANTS D'ABORD...

J'ai trouvé un nouveau petit livre "Olivia à Venise" de Ian Falconer chez Seuil Jeunesse, pour ma petite fille.
Chouette, l'insupportable petite cochonne Olivia ne s'assagit pas avec les albums. Dans ce cinquième, elle succombe au charme des gelati, des pigeons et des vieilles pierres de Venise... Mais, on le sait, Olivia a beau être une cochonne, elle a l'amour vache et Venise se souviendra longtemps de son passage. Drôle et beau, ce nouvel ouvrage, rempli de collages de vues anciennes de la ville, relève du grand art. (résumé de S.M sur le magazine Elle).

pour l'édition française©Editions du Seuil, 2010, dépôt légal en octobre.

mercredi 16 février 2011

L'ATELIER DES MUSES OU RENCONTRES VENITIENNES





photos©Catherine Hédouin

Ce billet pour vous annoncer d'agréables moments en perspective, pour tous ceux qui auront la chance de se trouver à Venise dans quelques jours.
En effet, l'Association Culturelle, l'Atelier delle Muse, de Dominique Brunet, costumière et de Muriel Balensi, créatrice de bijoux originaux, deux charmantes Françaises vivant à Venise, ont eu une jolie idée pour le Carnaval. L'exiguïté de leur boutique * ne leur permettant pas de voir leus amis à cette époque, elles ont trouvé un vieux palais, le Palazzo Marino, près de Santa Maria del Giglio et vont recréer un "Salotto di Carnavale" du 26 février au 8 mars 2011**. On pourra en ce lieu rencontrer des artistes, boire un chocolat, découvrir les créations d'artisans et le travail de peintres et de photographes, participer à des ateliers de création de masques...
Et tout le monde pourra retouver le gentil sourire et la joie de vivre de Valérie Bettencourt, sans nul doute, auprès de ses amies dans le "Salotto" qui sera un peu comme un autre Casino Venier de notre époque.
Grâce au petit compte-rendu mon amie Hélène B. j'en profite pour vous parler un peu de cette soirée organisée par l'Alliance Française le 29 janvier dernier.
...C'était une soirée sympathique et originale, que la directrice de l'Alliance Française avait organisé autour du livre de Valérie Bettencourt "Sombre Venise". Les jeunes hôtesses de l'Alliance avaient revêtu des habits rappelant un des thèmes du livre, les bals masqués de différentes époques organisés dans une Venise en train de sombrer.
Valérie, elle-même, malgré le froid et la bora qui soufflait dehors, arborait une superbe tenue sortie des mains de son amie Dominique Brunet.
La lecture de certains passages du livre choisis par la Directrice, était ponctuée de la voix d'une chanteuse interpétrant d'un manière fort plaisante et spirituelle, quelques chansons typiquement vénitiennes dont "le biondina in gondoletta". Chanteuse et musicien bien sûr en costumes d'époque.
A son tour, Muriel Balensi lit d'autres passages qu'elle traduit en italien, et donne son interprétation du livre. Puis ce sera l'heure de la signature. Valérie est très entourée, discutant avec les uns et les autres, puis elle est happée par une joyeuse bande de photogaphes qui veut immortaliser la soirée.
Pendant un moment le gracieux Casino Venier retrouve sa vocation première, à entendre rire toutes ces demoiselles costumées, on oublie les lumières électriques, on imagine les bougies qui font luire doucement les stucs "rococo". Les plateaux de boissons pétillantes et de bons chocolats devaient circuler ainsi et si on ne joue plus au pharaon, la gaieté et la joie de vivre sont les mêmes qu'il y a...si longtemps...
(Merci Hélène pour ses gentils commentaires, soirée à laquelle je n'ai pu me joindre, étant à Paris à ce moment-là ).
* Venezi'Arte 3371 A fondamenta San Giorgio dei Schiavoni 30122 CASTELLO
** Salotto di Carnevale Atelier delle Muse Palazzo Marino http://www.latelierdellemuse.com/ pour consulter le calendrier des festivités et contacts.

mardi 15 février 2011

L'EAU QUI ATTIRE TOUS LES REGARDS...


photos ©Catherine Hédouin

[...] Il suit le filet des ruelles sombres et étroites, débouche enfin sur de l'air, de la lumière : une place, un quai, un pont. Vanteaux branlants de maisons voûtées, volets clos, battants entrouverts de dépôts à l'abandon ~ dans le tissu de l'espace, béances et fermetures sont de douces ponctuations, et cette pulsation du paysage s'étend circulairement le long de la forme vide et accomplie d'une ville appelée Venise.
Sur les Traces d'une absence, Bernard Neau, Venise Miroir des Signes

lundi 14 février 2011

BELLE SAN VALENTINO !





VenetiaMicio vous souhaite belle Saint Valentin, et vous emmène faire un petit tour en gondole
sous le signe du Soleil, du Carnaval et du noeud d'Amour...

Saviez-vous que San Valentino était italien ?
L'Italie le Pays de l'Amore !
Valentino est né en Ombrie, à Terni.

Dans la rubrique Amore : 320 linguistes du monde entier a décreté à une majorité de 45%
que la langue du Bel Paese est la langue la plus romantique et la plus adaptée pour exprimer le sentiment amoureux !!! Devant les français (40%) et loin devant l'espagnol, l'anglais et le portuguais...Seul motif de satisfaction française : le mot " amour " est en première place mais talonné de très près par " amore ", "bellissima ", " tesoro ", et " dolcezza."



©Catherine Hédouin

Slalom©Peynet de tout coeur



[...] On passe un matin par là, Minna et moi, les deux bagues sont là, en vitrine, sur un coussin rouge, elles s'offrent avec une telle évidence qu'on entre. Le type, à l'intérieur, dans un coin, doit avoir 120 ans ou peut-être 6000, il somnole dans un grand fauteuil, même pas dans l'attente d'un clientèle d'ailleurs improbable, vu la vétusté du lieu qui doit rejeter les rares touristes égarés par là. Je montre les deux bagues au type à moitié endormi, deux serpents d'or entrelacés, petit doigt pour Minna, index pour moi, sûrement une fortune. Le type n'ouvre même pas les yeux, il fait un geste de la main droite qui veut dire " je m'en fous, vous voyez bien que je ne suis là, prenez et partez ", et on se retrouve dehors, il n'y a personne, j'ai laissé pas mal d'argent près du vieux, tout cela comme en rêve, avec le plus grand naturel, tesoro, amore, trésor, amour. Les deux bagues qui, comme l'indiquent deux minuscules étiquettes, ont été conçues pour un homme et une femme de la fin du 16e siècle, brillent mainteant sur nos deux mains gauches. De qui venons-nous de prendre la place ? On ne sait pas. [...]

Philippe Sollers (Trésor d'Amour, passage sur le Campiello San Barbaro)

dimanche 13 février 2011

VENISE À L'INFINI




photos©Catherine Hédouin

...L'art des rues est discret. Il y trouve des tableaux émouvants par leur maladresse, leur imperfection -- autant de clins d'oeil amusés : la copie inversée d'un Bastiani près du Grand Canal, un Mondrian dans un reflet d'eau au bas des Frari, une ébauche de Nicolas de Staël ou de Vedova sur une porte en réfection...
[...] "Ici, plus qu'ailleurs", les mêmes choses se disent à travers les mêmes silences, la lumière baigne et dissout les formes, les objets se fondent en une infinité liquide. Différences et répétitions procèdent par déplacements subtils de l'ombre, de la couleur, à travers un réseau d'analogies secrètes, d'odeurs, de sensations. Le champ du visible est un pays illimité : la pierre s'apprend par l'eau, l'arbre par son ombre, l'oiseau par le nuage...Venise ne se donne qu'en protégeant ses secrets, et l'étonnement du vivant n'y est jamais lassé.
Bernard Neau, Venise Miroir des Signes

samedi 12 février 2011

ENTRE DEUX RIVES...

©Catherine Hédouin
©Catherine Hédouin

Les portes et les fenêtres n'ouvraient pas toujours sur le ciel ; des seuils donnaient sur l'eau de cette ville menacée. Il ne savait au juste si l'eau du canal unit ou sépare -- il se tenait sur ce quai, mais "le réel était tout autant sur l'autre rive de son désir", et il lui fallait "trouver l'issue"...
Bernard Neau, Venise Miroir des Signes

jeudi 10 février 2011

A PORTEE DES YEUX ET DE LA MAIN....

Pour déchiffrer Le Grand Livre des Signes qu'est Venise, le voyageur a besoin de guides et avance dans la complicité secrète d'une écoute. Cette impression d'être conduit par l'indice d'un sourire, d'un récit, d'une chanson par la mémoire vivace d'un poète, d'un peintre, d'un musicien, " comme s'il fallait être introduit, invité par quelqu'un d'autre ", un ami qui nous aurait devancé et dont nous savons qu'il rejoint à travers le temps notre ombre, notre passage. D'où cette étrange sensation de toujours revenir sur les traces d'un autre...
©Catherine Hédouin

Le regard s'encombre de clichés pour le nouveau venu. Passé le premier enchantement, la confusion peut vite s'installer -- trop de clés pour trop de portes donnant sur leur clôture, seuils inaccessibles, si bien qu'il dérive et le monde peut s'enfoncer à jamais avec lui. Pourtant, les voix se propagent dans la moiteur organique de la ville... " Les sons nous parviennent d'un au-delà lointain. Comme s'il n'y avait à préserver, dans l'étroitesse de ces ruelles, une imaginaire distance. [...] Suivre les pas de l'inconnu, inlassablement... Puis seul, de nouveau seul, comme dans un rêve... Tout disparaît, comme si le temps s'éternisait à répéter... D'autres chemins qui se croisent... Puis rien, de nouveau seul... La résonance des pas, d'autres pas, comme interchangeant les rôles, comme si à notre tour on était suivi..."
Bernard Neau-Extrait de Venise, Miroir des Signes - Sur les traces d'une absence.
Les passages entre guillemets sont extraits d'un texte inédit de Pierre-Yves Buffy, Un soir, et de sa Correspondance -- plusieurs formules et réflexions s'inspirant de propos du poète-photographe.

mercredi 9 février 2011

CAIGO *


photos©Catherine Hédouin
...Il devrait exister en ce moment une pleine lune qui ne s'est point montrée, mais dont une brume vénitienne, si épaisse soit-elle sait bien refléter, dans une luminescence laiteuse, le lointain éclat. J'aime ces soirées qui continuent à être si douces et où tout s'allège, purifié de cette couche d'eaux troubles et de sable jaunâtre, qui, dans la journée, épaissit l'air, enduit les murs. Dès que tombe la nuit, le ciel s'éloigne, s'adoucit d'une lueur mate, l'ombre dégagée des maisons précise ses contours, et l'eau enfin luit à fleur d'obscurité...
Liliana Magrini, Carnet vénitien
* "Caigo" c'est le terme en dialecte vénitien pour désigner le brouillard.