mardi 31 mai 2011

L'ESCALIER DE SAN PIETRO vu par CLEIA



©photo Cleia 2011

©photo Cleia 2011

©photo Cleia 2011

©photo Cleia 2011

L'escalier et le cadenas, l'oeil de Claudie et aussi


L'ESCALIER DE SAN PIETRO



L'escalier ou le jour où j'ai appris la patience... Un premier essai ...
Hier nous nous sommes quittés devant les marches et mon désenchantement à cause d'un horrible frigo qui me bouchait l'horizon !
J'ai déjà connu cela, mais la personne qui prenait les photos ce n'était pas moi, je trouvais un endroit et cette personne l'exploitait à sa convenance. J'aurais du en tirer une leçon et apprendre à regarder à travers un objectif. Je suis déçue, il y a tellement longtemps que ce lieu me trotte dans la tête. Claudie m'entraîne vers l'extérieur du couvent, il y a un terrain vague, tout est à l'abandon, l'envers du décor est à la dérive ! Nous revenons sur nos pas et commençons à regarder l'environnement. Je me calme en faisant un petit tour dans la cour.



Claudie, calmement dans son coin, étudie la lumière, je respecte son espace, je l'observe à la dérobée, sa façon de faire m'intéresse, ce jour là j'ai appris la patience !
Allongée sur les marches, elle ajuste son angle de vue minutieusement, méticuleusement fait la mise au point et le Leica posé au sol prendra la photo !!!
De temps en temps j'essaie une image car je m'aperçois que si j'arrive à me mettre dans la trajectoire d'un des piliers, le frigo disparaît totalement !


Nouveaux essais, j'essaie de prendre de la graine ...

Je refais un tour dans les galeries, j'aime ces objets abandonnés et les couleurs ...

À nouveau, je m'obstine pour quelques images au-delà de la chaîne qui interdit la montée des marches...




Je laisse Claudie reprendre ses prises de vue et je retourne dans la cour et les galeries...

Cette fois-ci ce sera la dernière ... Je me suis quand même payée le luxe de monter les marches jusqu'au premier étage pour voir ...un peu comme le commissaire Brunetti, dans le dernier épisode que nous avons vu dimanche soir. Si vous avez fait attention le mur ocre était moins vétuste et une ribambelle de boîtes aux lettres coloriées y étaient accrochées.


J'avoue que ce petit coin m'inspire et les tons sont superbes...



lundi 30 mai 2011

L'ESCALIER DE SAN PIETRO












Allez, je ne tiens plus en place, il est grand temps de partir ! Il fait un temps du tonnerre, je suis heureuse. La petite maison de l'autre côté du Canal a déjà ses rideaux baissés et qui flottent au soleil. Elle me fait toujours autant rêver ! C'est vraiment le printemps aujourd'hui, la journée va être merveilleuse, je le sens au fond de moi !
Je prends mon traghetto avec les matinaux qui font leurs courses à la Pescheria et je file du côté du campo SS Apostoli. En traversant le campiello Drio la Chiesa, je m'arrête un instant pour une image du sotoportego Catecumeni, comme à chaque fois que je passe par là. À partir de ce moment, je marche les mains dans les poches, l'appareil-photo au fond de ma besace, d'un bon rythme, le regard au loin, le plan des rues dans la tête et direction mon rendez-vous vers S'Maria Formosa...
Aujourd'hui S'Piero di Castello avec Claudie, notre balade remise à cause de la pluie mercredi, peut se faire enfin.
Avant d'atteindre le Campo S'Lorenzo, cette superbe boîte aux lettres à la tête de lion et les sonnettes grimaçantes, qui nous tirent la langue, nous amusent trop pour ne pas en faire une photo. Je suis appuyée contre la porte qui s'ouvre brutalement et un petit cocker en surgit, il vient aussitôt me saluer ! J'ai un faible pour cette race, pendant de nombreuses années ils furent mes seuls petits compagnons à quatre pattes, je fonds littéralement devant leur bouille !
Cette fois-ci nous marchons sans nous faire distraire à travers les venelles, pour rejoindre la Via Garibaldi. Nous profitons un moment du jeu de lumières et d'ombres dans les ruelles où le linge sèche au vent. Puis nous revenons vers le rio de S'Anna et longeons la fondamenta jusqu'au Ponte de Quintavale qui enjambe le canal de San Piero. Nous flânons dans les calli pour atteindre finalement notre but du jour : l'ex-caserna Sanguinetti, le convento di San Pietro di Castello.
Rappelez-vous une autre balade cet endroit me tient à coeur depuis qu'un escalier vétuste a capté mon regard, et aujourd'hui je suis venue pour lui.
Horreur, la dépouille d'un réfrigérateur trône au beau milieu du rez-de-chaussée, juste au pied de la montée des marches...mais ceci est une autre histoire que je vous raconterai demain !

samedi 28 mai 2011

SIRE SURIÀN (3e épisode)

....Il monte sur le parapet et hume l'air frais, rassasié il reprend sa promenade. Il suit la riva de l'Ogio ravi de quitter ainsi la foule oppressante, sur le ponton qui longe le canal, quelques peintres d'un pinceau précis font surgir sur leurs toiles les délicates dentelles de la Ca D'Oro, située en face.

Elle traverse sans prévenir ses pensées. Elle aussi a senti l'eau toute proche et ses sabots légers font écumer le sable, elle atteint la rivière, en cette période de l'année ses eaux ne déversent qu'un flot flasque et irrégulier. Elle écarte très légèrement ses pattes avant et penche son cou gracile, de fines gouttes de sueur perlent sur son blond pelage, il hume l'air.

Une odeur de poisson le ramène brusquement à Venise, une brume de regret passe dans ses yeux. Il se ressaisit et tourne à gauche à la calle des Campaniel, là il se laisse emplir par l'ombre protectrice des vieux murs de brique. Les maisons aux portes basses et aux fenêtres cachées derrière leurs grilles se succèdent, seules les odeurs de cuisine traversent cette forteresse minérale, sur une belle porte deux têtes de lion en laiton lui sourient de tous leurs petits crocs.


Soudain, sans crier gare, la lumière du campo San Cassiano l'assaille. Dans l'angle, juste à l'entrée, la marchande de fleurs auréolée de bouquets lui fait un petit signe, il s'arrête à peine pour une caresse embaumée et se dirige vers le milieu de la vaste place. Il saute sur la margelle du puits tout rond et cherche du regard un de ses vieux amis, là sur un balcon, un lion petit mais fier tend ses yeux de pierre vers le lointain. Un cliquetis tire Noil de ses pensées : un touriste s'est empressé de le photographier. "Non, mais quel sans gêne, il ne m'a même pas demandé
mon avis ! " Il se hérisse de colère et s'en va, lui tournant dédaigneusement le dos. Il longe l'église et se dirige vers le rio San Cassan, un petit pont étale ses accueillantes marches en éventail, il s'y engage s'arrêtant au milieu pour observer la petite maison d'un rouge sombre qui lui fait face. "Dommage, si la porte avait été ouverte j'aurais pu faire un coucou au vieux Giordano, tant pis ! " Il effleure à peine les dernières pierres et s'enfonce dans la ruelle étroite Del Morti.
Les murs ravagés de la maison de droite montrent de plus en plus leurs dents déchaussées. L'ombre et la lumière jouent à cache-cache dans cette ruelle bordée de jardins, les façades hérissées de fléchettes défensives laissent s'échapper leur chevelure de feuillages tendres. La chaleur et la fatigue se font sentir, il accélère et après quelques tours dans des passages plus
sombres il parvient à destination. La verdoyante petite cour de la Ca'Favretto lui ouvre les bras. Il glisse entre les fauteuils de rotin gris et retrouve sa cache favorite, derrière un des grands pots, dans l'angle, une petite cavité dans le mur semble avoir été faite sur mesure pour lui. Il s'y roule avec délectation, laisse son oeil vagabonder un moment sur la haute paroi du vieux puits bordé de fleurs, les grands murs roses, la belle porte d'entrée puis il se laisse happer par le sommeil.
Elle est toujours là, au bord de l'eau mais il n'est pas le seul à guetter le corps gracieux de l'antilope, un inquiétant oeil vert la surveille également. Il glisse silencieusement sa masse énorme dans l'eau et se rapproche imperceptiblement. Noil frémit, cet énorme crocodile cherche à lui voler sa proie. Il hésite, l'antilope dresse soudain ses oreilles et dédale laissant face à face les deux prédateurs. Noil s'éloigne dépité, le crocodile attend, la patience est sa vie.

Des voix le réveillent, un couple sort de l'hôtel, derrière eux un homme et une femme plus âgés entourent une poussette avec une adorable petite fille blonde, le concierge les suit et discute avec eux un moment. Noil en profite pour se glisser furtivement à l'intérieur. L'homme et la petite fille le suivent des yeux avant d'échanger le même regard malicieux. Noil ne s'inquiète pas, il sait d'instinct que ces gens là adorent les chats et qu'ils ne le dénonceront pas. Ses pas s'enfoncent dans le tapis rouge, il se glisse le long des murs se dissimulant derrière les grands vases d'opale et hop, il s'installe sur le canapé en cuir du petit salon, son préféré. Il admire le soleil qui lui aussi se faufile dans le hall par cette belle matinée du mois de mai et ricoche contre les fanfreluches de verre du lustre. Il baille de bonheur et le désert emplit le palais, faisant disparaître les innombrables tableaux qui le cernent comme autant de fenêtres sur la Venise d'hier et d'aujourd'hui.

Il cherche en vain l'antilope. Loin de là, dans l'abri des grandes herbes elle est allongée, son petit tête goulûment, elle le lèche longuement, les sens en alerte. Une lumière vive traverse l'horizon laissant derrière elle de larges ondulations de chaleur. La vie des herbes se réfugie dans leurs racines où toute une faune minuscule cohabite. Un petit troupeau de fourmis s'abreuve à une goutte de lait échappée du museau du faon, plus loin un scarabée sacré plonge avec application dans l'odorante galette laissée par des herbivores, pour façonner une sphère aux formes parfaites et l'entraîner dans son terrier. Le ciel étale sa coupole limpide au-dessus de tous ces univers. Un roulement de tonnerre gonfle.

Noil ouvre les yeux, il aperçoit Melinda qui se penche dans les coins munie du manche de son aspirateur, elle lui fait un signe amical et poursuit son chemin, le charme est rompu, il préfère s'en aller.

Le voilà dans les ruelles qu'il connait comme sa poche. Au bout de la calle Regina il tombe nez à nez avec la gueule d'un gros chien. Fort heureusement l'énorme bête rousse et haute sur pattes est muselée et son maître l'étrangle à moitié en tirant en arrière sur sa laisse. Noil qui craint la gente canine depuis une vieille histoire de peur enfantine, s'enfuit vivement. Après quelques détours et une course aussi rapide qu'irrépressible le voilà en vue de l'embarcadère San Stae. Il regarde derrière lui, plus de danger. Il se fait discret et observe les gens qui attendent le vaporetto. Une dame épuisée est assise près de son caddie à moitié vide. Elle n'arrête pas d'éternuer, ses yeux sont gonflés, son nez coule, trop accaparée par son rhume elle ne surveille pas son chariot, il s'y glisse en douceur. Le vaporetto arrive, la dame enrhumée se lève et tire derrière elle ses courses. Noil impassible supporte vaillamment les secousses de son véhicule d'emprunt, des pommes de terre roulent sur lui, une bouteille lui tient tête, un paquet de pâtes se frotte à son nez. Enfin tout se calme, la dame a trouvé un siège. Noil se pelotonne le plus confortablement possible et s'endort.

Au bord de l'eau de gigantesque animaux gris ont pris possession de la rivière. Ils aspirent l'eau avec leur interminable trompe et rejettent en arrière l'eau sur leurs flancs, des milliers de gouttelettes scintillent et habillent leur peau rude de lumière. Leurs pattes épaisses saccagent les berges, il s'éloigne sans bruit.


Des à coups le réveillent, il comprend que la dame qui le transporte descend du vaporetto. Il ose un oeil dehors, ils sont arrivés sur l'embarcadère du Rialto. Il est temps pour lui de s'éclipser, d'un bond il saute hors du chariot au moment même où la dame est prise d'éternuements à répétition, ni vu ni connu il a réussi ! Il suit la Riva del Ferro nonchalamment puis croise le rio Della Fava . Perché sur le parapet il voit une large barque rouge assez encombrée, elle semble l'attendre....(à suivre)

Marie-Sol MONTES - SOLER
(dessin encre de chine aquarelle de mon carnet de voyage -Ange Mozziconacci)

vendredi 27 mai 2011

UNE VISITE MAGIQUE...


Pour Annalivia...















©photo brochure hôtel
Maintenant mettez-vous la musique du thème from the Comfort of Strangers...que vous trouverez dans ma musique !

En revenant vers le campo S'Barnaba, je sais où je vais maintenant sans errer davantage.
Une idée me trotte dans la tête depuis que l'autre jour, le premier matin, je suis passée à côté de lui.
En pensée j'ai revu les beaux billets et toutes les recherches effectuées par AnnaLivia ici
et aussi ... Ce lieu la passionne et elle en rêve !
Je me faufile dans la calle du Traghetto qui mène au Grand Canal. Sans hésiter j'entre dans le Palazzo Stern.
C'est la première fois que je pénètre sur la terrasse - jardin d'où le panorama sur la plus belle avenue du monde (et oui je le dis même que je sois Parisienne) est de toute beauté. Je sais que beaucoup d'entre vous ont pu profiter quelques instants de cette atmosphère unique. Les colonnes ainsi que les lustres Fortuny contribuent à ce charme. Maintenant que j'ai fait le premier pas, je continue sur ma lancée et je pousse la porte du hall de réception.

Déjà un jeune homme s'avance vers moi et m'accueille courtoisement.
Je lui demande de la documentation, mon regard est attiré par la cage d'escalier d'où une lumière tamisée s'infiltre. Je ne peux cacher mon émerveillement. Nous engageons la conversation, il parle le français parfaitement. Il me propose, avec beaucoup de gentillesse, de visiter les lieux.
Je suis tellement émue, que j'en oublie de faire des photos.
Il me fait visiter plusieurs chambres et découvrir les vues sur Venise, la visite se poursuit vers la suite qui se trouve dans l'atelier dont la verrière m'a toujours intriguée et fait rêver. Je n'ai pas voulu faire de photos, j'aime qu'un lieu que l'on découvre garde son intimité, à chacun son plaisir!
Finalement nous arrivons sur la terrasse et je me ressaisis enfin pour en prendre ces quelques vues merveilleuses. Puis il m'entraîne maintenant vers une autre merveille, la chapelle.
Afin que je puisse faire mes images, il allume tous les lustres Murano.
Ludovico (puisque c'est son prénom) est passionné par cette demeure et la famille Stern. Il m'explique que la chapelle était au rez-de-chaussée et qu'elle a donc été remontée à cet étage.

Il faut dire que j'ai connu pendant de longues années ce palazzino abandonné, comme sur la première photo, pendant une trentaine d'années. Et c'est après deux années de restauration minutieuse, qu'il est retourné à son ancienne gloire. Allez faire un tour sur le blog de ma petite amie Chiara qui nous prépare en ce moment des billets très intéressants sur les palais de Venise.

Puis nous retournons vers cette descente d'escaliers et toutes ces suspensions "Cesendello" que j'adore. Mes images ne sont pas d'une qualité extraordinaire, trop subjuguée par le décor, je n'ai pas trop pris le temps de faire une mise au point, à l'extérieur une pluie diluvienne s'est abattue subitement sur Venise !
Ensuite nous avons continué notre discussion sur la famille Stern, au bar, où Ludovico m'a offert un café en attendant que la pluie cesse.
Il est grand temps que je le quitte maintenant l'ayant retenu loin de ses obligations professionnels.

Je le remercie infiniment pour tous ces instants partagés et offerts spontanément.

Quelques renseignements ...
Autrefois ce palais était le palazzo-Michiel-Malpaga et avait 4 étages.
À cette époque c'était l'atelier de céramique du peintre Raffaelle Carbonero et du sculpteur Achille Tamburlini.
En 1909 Ernesta Stern achète l'atelier. Elle est connue sous le nom de Maria Star (contes vénitiens)
Giuseppe Berti et Raffaele Mainela font la restauration en 1910, il ne reste plus que le jardin le palais est détruit. Puis reconstruction du rez-de-chaussée et du 1er étage. fin des travaux en 1912.
La presse de l'époque :" Le rêve inoubliable comme à Paris, son petit salon lieu de rencontres mondaines, de spectacles intérieurs et extérieurs".
1914 Ernesta met fin aux fêtes et rentre en France.
Retour après la guerre soulagée, le palais est intact, mais l'atmosphère est changée.
1924 vente du palais à Samuele Finckestein.
Après la mort d'Ernesta en 1926, les nouveaux propriétaires demandent à Berti de compléter les travaux de la chapelle et l'abside qu'on aperçoit à droite du palais. Cet endroit servait d'atelier et d'espace expos.
Aujourd'hui, après une longue restauration le palais est devenu un hôtel de luxe, on retrouve des éléments de déco conçus par Raffaele Mainela (1858-1907).