... Comme les maisons respirent par en haut ! Existe-t-il une ville, où, de l'ombre, tant de bouches s'ouvrent vers le soleil ? Je dis bouche, mais cette image ne me vient pas d'une ressemblance humaine : je pense plutôt à ces trous qu'on voit dans certains récifs, contournés comme de minces lèvres décharnées par la mer, et par où respire un invisible mollusque. De même, sous le contour brisé des tuiles, il y a toute une éclosion de petites fenêtres, d'altane, de loges minuscules (déjà, le rouge d'un géranium) ; et plus haut, les abbaini - ces fenêtres de mansardes, qui, de la surface presque horizontale que les tuiles festonnent, se dressent vers le soleil. C'est peut-être surtout la façon dont la courbe des tuiles, fraîches à l'intérieur d'une ombre humide, saille aujourd'hui contre le ciel étincelant, qui me fait penser à ces rochers aux pointes vives. [Liliana Magrini - Carnet Vénitien]
mercredi 6 octobre 2010
ALTANE ET ABBAINI
... Comme les maisons respirent par en haut ! Existe-t-il une ville, où, de l'ombre, tant de bouches s'ouvrent vers le soleil ? Je dis bouche, mais cette image ne me vient pas d'une ressemblance humaine : je pense plutôt à ces trous qu'on voit dans certains récifs, contournés comme de minces lèvres décharnées par la mer, et par où respire un invisible mollusque. De même, sous le contour brisé des tuiles, il y a toute une éclosion de petites fenêtres, d'altane, de loges minuscules (déjà, le rouge d'un géranium) ; et plus haut, les abbaini - ces fenêtres de mansardes, qui, de la surface presque horizontale que les tuiles festonnent, se dressent vers le soleil. C'est peut-être surtout la façon dont la courbe des tuiles, fraîches à l'intérieur d'une ombre humide, saille aujourd'hui contre le ciel étincelant, qui me fait penser à ces rochers aux pointes vives. [Liliana Magrini - Carnet Vénitien]
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La comparaison des altane avec les fleurs est appropriée. Liliana Magrini a décidément des idées poétiques!
RépondreSupprimerAnne
Je connaissais bien sûr les "altane", que j'adore, mais je ne connaissais pas le terme "abbaini", comme quoi, on apprend chaque jour grâce à ton blog, Danielle !
RépondreSupprimerBisous.
Norma
Si elle pouvaient parler combien de secrets dévoileraient-elles?
RépondreSupprimerCombien d'âmes sont venues là peigner leurs longs cheveux afin d'obtenir ce blond vénitien tant recherché!!
Bises
J'avais déjà vu des "altane", mais je croyais , dans mon ignorance - que c'était l'idée farfelue d'un Facteur Cheval local. Tes différents billets m'ont éclairée et je les trouve - maintenant - presque charmants, même si ces chevrons de bois rustiques choquent dans cette ville raffinée.
RépondreSupprimerCette ville de marins a perché sur ses toits des bateaux sur cales pour mieux aller à la pêche du soleil.
RépondreSupprimerMoi non plus je ne connaissais pas les abbaini, quel joli mot, merci Danielle.
Bisous
Je trouve que Liliana Magrini nous décrit une Venise, intime et toute en harmonies, avec l'oeil d'un peintre et les sentiments forts d'une vraie amoureuse de sa ville, avec des mots et textes sublimes.
RépondreSupprimerBonne soirée Anne
Moi aussi je l'ai appris aujourd'hui grâce aux textes ravissants de Liliana Magrini, c'est en lisant ce passage de son carnet vénitien que j'ai découvert ce nom.
RépondreSupprimerBisous
Je suis contente de te retrouver et merci d'avoir pris le temps, alors que tu repars déjà, d'être venue déposer ce petit mot malicieux.
RépondreSupprimerCertes il y en a des anciennes qui conservent leurs secrets, mais il y en a aussi qui continuent à servir de jardin comme autrefois, pour les fleurs et aussi pour faire sécher les lessives, et celles-là je ne pense pas que tu les aime...
bisous
Et pourtant Gine, elles existent depuis fort longtemps, tu peux en voir sur les tableaux anciens ...Je ne trouve pas choquant de les voir dans cette architecture pourtant si raffinée, elles font réellement parties du paysage de Venise.
RépondreSupprimerbonne soirée
J'aime ce que tu dis Marisol, j'aime m'imaginer que ce sont des bateaux comme tu l'as si joliment dit.
RépondreSupprimerBisous