vendredi 10 janvier 2014

Laguna et Canale Delle Fondamente Nuove

 






Je ne me lasse jamais de regarder le va et vient des vaporetti, de scruter au loin, la magnifique Chiesa de l'Isola di San Michele, puis l'Isola di  Murano et son faro.

   Si les promeneurs vénitiens choisissent le plus volontiers le soleil et l'étincelant éclat de la Riva ou de la Piazza, les amoureux ont d'autres routes pour mêler leurs solitudes. Les Fondamente Nuove. Une odeur molle vous envahit, les cheveux se bouclent sous un calme souffle salé. Les mots sont lents et difficiles, devant la vaste immobilité où s'incisent, minces, des bricole qu'incline le sourd flottement des marées. Là, se creuse le grand silence des lagunes, vers lesquelles Venise, toute parée et étincelante vers un Bacino qui ravive la brise du large, offre un front sombre et dépouillé. Le quai lui-même est assez récent. Sur les murs que ternit le nord, les fleurs des petites boutiques font des taches sombres, et par endroits tranche le blanc des dalles appuyées contre une vitrine. Le trajet est court, pour se rendre au cimetière de San Michele qui dresse en face, au dessus du mur rose, ses minces cyprès et sa claire église. À côté, hors de l'enceinte, la lagune laisse à découvert une étroite bande de terre aux herbes hautes et souples : il n'est pas rare que quelqu'un s'y repose, au cours d'une promenade en barque, le dimanche. Mais il y a aussi des jours où la haute marée pénètre dans les tombes les plus basses : le terrain n'est pas plus solide dans l'île des morts que dans celle des vivants.
   Plus loin, le silence glisse au ras des barene que, tout à tour, délivre et recouvre l'eau.
Liliana Magrini, Carnet vénitien

2 commentaires:

  1. Tu vois, c'est la Venise que je préfère, celle de la lagune et de ses paysages immenses.
    Je t'embrasse, Dany, très belle soirée !

    RépondreSupprimer