La grande lumière effleure à peine les canaux par quelques éclats de biais, sans en entamer le vert froid. Mais il y a des campi très vastes - le Campo San Polo, le Campo Santa Margherita, ce Campo Santa Marta où l'herbe pousse dans les fissures du vieux pavé - tout étalés au soleil comme des aires de campagne dont on viendrait de retirer le blé.
Et ce Campo San Giacommo dell'Orio aux innombrables embouchures. Il est si largement déployé autour de sa petite église, et si irrégulièrement prolongé de tous les côtés, contournant un canal, avançant vers une salizzada, gagnant encore du soleil entre l'abside et de petites maisons aux crépissages dorés. Du côté où ses arbres abritent, l'hiver, des manèges bariolés, il résonne de voix et, de temps en temps, du roulement de patins sur les dalles, tandis que devant la façade de l'église, autour de la vigne d'une trattoria où quelques vieux du quartier boivent leur verre, le pavé nu mûrit paisiblement au soleil. L'église, basse, simple comme une grange, paraît offrir une entrée à chacune des petites places incluses dans la grande si vivante. À chaque fois, je m'y perds, charmée par l'aisance de ces détours qui gagnent le plus possible de lumière sur l'ombre des quartiers environnants, et sans jamais comprendre par où j'y suis entrée, ni de quel côté j'en vais ressortir - vers la fraîcheur de quel sotoportego, ou de quelle calle plongeant au bout de ses marches luisantes dans un canal vert de plomb.
Liliana Magrini, Carnet Vénitien.
©VenetiaMicio
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J'aime beaucoup Danielle l'histoire que tu nous racontes par tes savants cadrages. La porte a la première saisie mon regard dans ses lignes osseuses interminables puis au milieu des carrés parfaits des deux petites fenêtres cette tête à la bouche hurlante dont les cris se perdent dans les rondeurs du pont. Puis cette eau argentée sur laquelle flotte une barque qui nous parle du travail des hommes de cette ville et enfin tu t'échappes par le petit pont et je te suis des yeux, longtemps...
RépondreSupprimerTu m'as fait rêver, bisous.
"La grande lumière effleure à peine les canaux par quelques éclats de biais", c'est l'une des phrases de Liliane Magrini que j'ai empruntée pour illustrer l'un de mes tableaux, lors de l'expo actuelle.
RépondreSupprimerSan Giacommo dell'Orio, une découverte assez récente à Venise, qui nous a enchantés, un matin de l'automne 2009, où il faisait beau et où la lumière était douce comme sur tes superbes images.
Bonne soirée, Danielle.
Norma
Marisol, le campo S'Giacommo est un lieu où nous aimons bien nous arrêter un peu, il est vivant, les enfants s'y amusent avec joie et liberté, les grands prennent le temps, grâce aux bancs qui invitent à la discussion, au repos ou à la rêverie...Ange a le temps d'aller à la toute petite boutique où il trouve ses couleurs à l'huile de Maimeri, c'est minuscule mais conserve un côté ancien...Après nous flânons vers ma cour préférée et le petit campo S.Boldo, où nous arrivons enfin après bien des détours et des passages par divers sotoportegi qui s'offrent à notre vue...
RépondreSupprimerbisous
J'ai fréquenté souvent cet endroit sans savoir que je passais à chaque fois devant ma cour préférée, que j'ai découverte il y a seulement un an. Je m'étais persuadée que le lieu n'existait plus...
RépondreSupprimerbisous
Je suis contente de m'égarer à Venise avec toi, Danielle. Bon weekend et bisous!
RépondreSupprimer"Cet apaisement que provoque Venise tous les poètes et artistes l'ont éprouvé et recherché comme une consolation ultime..."
RépondreSupprimerAlain Vircondelet
I can't read French, but I am glad I found your blog through Bluoscar. I live in California, but was born in Venice, and your blog and Oscar's make me really happy. I get my daily Venice dose through your photos.
RépondreSupprimerI love Campo San Boldo (if I am correct about where you took these photos), I always pay a visit when I am in Venice.
Grazie di cuore!
Shelley I'm so glad that you liked my walk, you follow me for another one....
RépondreSupprimerBisous à toi
Danielle
Françoise, j'aime quand tu m'envoies de jolis mots comme ceux d'aujourd'hui...
RépondreSupprimerMalheureusement je ne suis ni poète, ni artiste, pour exprimer "ma consolation ultime", mais Venise m'apporte cet apaisement : elle sait me bercer, me rassurer, me réconforter.
Et VenetiaMicio est là pour lui rendre ce qu'elle m'offre !
bisous
Welcome Laura, I'm very happy to read your message and thank you very much for the nice comments.
RépondreSupprimerBravissimo it's Campo S'Boldo (the last).It's the same thing for me, every time "I always pay" a visit to this place.
Others pictures were taken from the sotoportego and calle de Mezo.
Near I like very very much a little corte : Taglipietrà, do you know it ?
A presto e grazie
Danielle
Des photos paisibles qui commencent à me donner un drôle sentiment de... "Reviens-y" !
RépondreSupprimerBonne soirée Danielle
A qui le dis-tu ma chère Martine, je vois que tu comprends ce qu'il se passe dans ma petite tête, à chaque fois que je fais un nouveau billet ...je commence à me languir d'Elle !!!
RépondreSupprimerbisous et bonne soirée à toi aussi