...Je crois les sortilèges de Venise difficiles à définir, à capter : on les subit, on y succombe sans être même conscient. C'est un sentiment d'irréalité proche des fantasmes et du rêve qui crée les enchantements, les mythes, les séductions de Venise...(Fernand Braudel In "Venise" 1984)
l'envers du décor©VenetiaMicio
Un jour j'ai vu une photo de cette petite cour, de cet escalier envahi par les mauvaises herbes. Comment un tel lieu existait à Venise, sans qu'une seule fois, je l'aperçoive ?
D'ailleurs, il me semblait tellement iréel, existait-il vraiment ?
Ne vous arrive-t-il pas d'avoir cette sensation bizarre d'être passé(e) de l'autre côté du miroir ? Seulement cette fois-ci, nous sommes passés réellement de l'autre côté, puisque ceci est l'envers d'un palais très connu : la Ca'Da Mosto. ***
Je ne compte plus le nombre de fois que mes yeux se sont portés, longuement sur sa façade délabrée, détaillant son architecture magnifique, et admirant la demeure du navigateur Alvise Cadamosto, du XIIIe siècle, de style néo-byzantin, à la fois habitation et entrepôts.
Maintenant, après avoir situé le lieu, il ne me reste plus qu'à le découvrir lors d'une prochaine visite.
Je ne compte plus le nombre de fois que je suis passée dans ce coin. Mon regard était toujours absorbé par un petit détail affectif. Lorsque j'arrivais sur le pont S.S. Apostoli, je levais les yeux vers un balcon du palazzo Falier où chaque soir je voyais un épagneul , le museau appuyé sur le rebord de la fenêtre, les yeux mi-clos, surveillant mine de rien, le va-et-vient de la foule qui s'engouffrait sous le sotoportego...
Automatiquement, ensuite je suivais le flot qui tournait vers la gauche, sans jamais prêter attention à cette petite calle qui ressemblait plutôt à une impasse.
Au mois de mai, en fin d'après-midi, entre l'orage qui menaçait à nouveau et avant que la nuit ne tombe, je décidais de prendre le traghetto pour aller faire un tour dans mon rêve.
Lorsque l'on pénètre dans la calle, il est difficile de s'imaginer quoique ce soit, puis subitement l'escalier surgit et occupe le champ de vision.
Comme j'aimerais remonter le temps et découvrir les images d'une autre époque, comme celles
qui se déroulaient entre le 16e et le 18e s., lorsque le palais devint une célèbre auberge à l'enseigne du "Il Leon Bianco". La demeure fut surélevée de deux étages.
Je m'imagine la petite cour, où se pressaient tous les personnages illustres de la cité lagunaire, vivante et colorée.
***J'ose espérer que les portiques au rez-de-chaussée dit "pieds dans l'eau" donnant accès au canal et au piano mobile, que les longues galeries percées de baies aux arcs brisés en accolade, la façade aux décorations marmoréennes byzantines, patères, bas-reliefs et frises pourront retrouver un jour leur beauté d'antan et que la petite cour et sa montée au ciel (et non sa descente aux enfers) toute sa joie et ses couleurs !
Je connais bien ce pont, comme toi, je suis passée souvent si près de lui mais j'ignorais que c'était l'autre visage de la Cà da Mosto...dont je me demande quand on va vraiment prendre soin d'elle...
RépondreSupprimerLa végétation donne vie à cet escalier qui semble oublié pour l'instant, mais encore prêt à recevoir la caresse des robes longues et la musique des pas des invités au palais pour une fête improbable. Vos photos sont pleines de charme.
RépondreSupprimerAnne
jolie histoire!! on a envie de désherber un peu...
RépondreSupprimermais rose et vert c'est très sympa!
Comme tu écris bien, on se laisse aller au rêve avec ton billet, un rêve entre mélancolie pour ce lieu apparemment abandonné et espoir en imaginant sa restauration...
RépondreSupprimerQuestion d'humeur...
Bisous, Danielle !
Norma
Danielle, c'est ce qui est bien à Venise, c'est qu'on ne la découvre jamais entièrement, elle ne se livre pas si facilement que cela...et quelle joie de savoir qu'à chaque fois elle nous offrira des moments magiques !
RépondreSupprimerbonne journée
Anne la romantique, comme vous j'aimerais que la vie reprenne ...la façcade sur le canal est sous les échafaudages depuis 2008, est-ce juste pour la soutenir ? ou l'espoir d'un renouveau ? Quant à l'escalier, il est barré par des planches, vraiment un abandon, cet endroit m'obsède toujours en y repensant. J'aurais aimé qu'il inspire Angelo, mais non, il trouve son aspect sinistre, telle une prison m'a-t-il dit ! Comme quoi chacun voit comme il veut ...
RépondreSupprimerbonne journée
Gwendoline, ravie que mon billet te plaise, mais s'il te plaît laisse encore les mauvaises herbes, je l'aime ainsi...
RépondreSupprimerComme tu peux le constater Norma, ce lieu me touche, dommage que cette cour et cet escalier restent oubliés de tous. Pourtant la vie devait avoir un certain faste du temps de la famille Ca'Da Mosto, et joyeux plus tard du temps de l'auberge du Lion Blanc !
RépondreSupprimerbisous
Oh que je suis contente,grâce à toi j'ai retrouvé cet escalier.
RépondreSupprimerJ'étais incapable d'expliquer à Hélène où nous l'avions vu et j'aurais tant aimé le revoir.
Une grande photo d'une partie de cet escalier en N et B illustrait l'expo consacrée à Venise à l'IMA il y a quelques années,je l'ai tout de suite reconnu mais Hélène ne voyait toujours pas
Bises
Coucou ma Belle, je suis ravie que ce billet te plaise !
RépondreSupprimerAs-tu des documents sur cet endroit ?
Comme je n'avais pas grand'chose pour le documenter, j'ai parlé de ma première rencontre, récente puisque j'y suis allée seulement au mois de mai...alors que cet escalier et cette cour étaient sur mon passage des dizaines de fois je suis passée à côté, je dîne tous les soirs chez Roberto au Il Milion.
bises
Oh lala...j'l'avais pas dit : j'adore :))
RépondreSupprimerChic : idem !!!
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