Parmi les outils soigneusement nettoyés, alignés sur une table en bois près de la fenêtre que le soleil d'hiver commençait à éclairer, le maître a choisi l'une des plus lourdes masses, l'a soupesée un instant, puis d'un geste violent et précis l'a abattue sur la tête de la statue. En entendant le choc, l'assistant s'est retourné et a hurlé.
- Non !
Sans un regard pour l'immense cheval décapité ni pour l'assistant qui s'est agenouillé et contemple avec désolation les morceaux d'argile éparpillés, le maître a quitté l'atelier...
( extrait de Nouvelles vénitiennes - Dominique Paravel)
[...] Des jours et des jours de voyage et au terme Venise l'avait reçu dans sa lumière inouïe, une ville sans aucune ligne droite, où la perspective est sans cesse faussée, fantasmée, un coquillage spiralé au fond d'une lagune compliquée qui est sa seule défense, une île multipliée d'îles, ceinturée d'eau et de solitude. [...]
... Le modèle avait été transporté dans un atelier proche de la Madonna dell'Orto, au ras d'un canal où passaient sans relâche les barques des pêcheurs et des maraîchers. On lui avait adjoint comme assistant un modeste artiste de la ville, Alessandro Leopardi, à qui l'arrivée du cheval gigantesque et la présence massive et muette d'Andrea avait coupé le souffle. La réalisation d'une statue équestre de trois mètres de haut était à ses yeux une folie digne des Toscans, atteints par nature de mégalomanie.
(extraits de Nouvelles vénitiennes - Dominique Paravel)
En sortant du Palazzo Rizzo-Patarol, la petite corte del Cavallo attire le regard , elle est charmante et c'est un puits de couleurs !
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Le nom de la corte Cavallo dérive de la fonderie où fut réalisé le célèbre monument équestre de Bartolomeo Colleoni qui se dresse sur le Campo Santi Giovanni e Paolo. C'est le Florentin Andrea Verrocchio, maître de Leonard de Vinci, qui modela la statue en cire, mais il mourut avant d'achever son oeuvre. La fonte fut ensuite confiée à Alessandro Leopardi - qui ajouta le piédestal - surnommé Alessandro del Cavallo ["Alexandre du Cheval"]. La cour où il habitait fut affublée du même surnom : au numéro 3494, on peut encore voir les vestiges du palais Leopardi, incorporés aujourd'hui dans une aile de l'hôtel des Doges.
On raconte que Verrocchio, homme fort irascible, était connu pour le ton mordant de ses réponses. Ayant appris qu'un certain Vellano da Padova avait été chargé de réaliser le visage du cavalier, il piqua une telle colère qu'il décapita le modèle de son cheval et regagna aussitôt Florence. La République Sérénissime menaça de le condamner à mort, mais il répliqua en ces termes : " Ce serait vraiment dommage, puisque je pourrais refaire une tête d'une meilleure facture à mon cheval."
La Sérénissime fut sensible à un tel sang-froid ; elle doubla la rétribution du sculpteur et le rappela pour qu'il achève son oeuvre. Venise Insolite et Secrète©Jonglez
Ces fenêtres vénéto-byzantines qui percent de leur élégance des murs couleur de fraises exquises rivalisent de beauté avec cette aérienne terrasse se hissant sur la pointe de ses pieds pour faire des chatouilles aux nuages. Ce décor tout à la fois fané et pimpant laisse exhaler des bribes de son passé glorieux et des tumultes des âmes humaines auxquelles elle servit d'écrin.
RépondreSupprimerTrès beau billet Dany, bisous.
que c'est beau, tout un charme coloré.
RépondreSupprimerbises de Laurence
J'aime cet endroit. Venise me manque déjà...
RépondreSupprimerBises
Venise toute rose pour commencer la journée, ça me va !
RépondreSupprimerBisou, Dany !
J'aime ces volets qui finissent en pointe et doublent en miroir les ouvertures de ces petits palais ...
RépondreSupprimerMarisol, j'aime particulièrement cette petite corte ouverte et colorée qui s'offre volontiers au regard !
RépondreSupprimerJ'ai une très vieille photo d'Ange, il avait beaucoup plu et la cour était inondée, un joli miroir apparaissait ...
Bisous
Laurence, en plus d'être beau, il y règne une atmosphère tranquille, un endroit idéal pour Opale et Sonye, le paradis pour chats ! Micio a 6 ans aujourd'hui !!!
RépondreSupprimerBises à toi et caresses aux beautés
AnnaLivia, à moi aussi elle me manque mais je vais patienter et attendre l'automne car il fait trop chaud en ce moment !
RépondreSupprimerAnnalivia j'ai oublié Baci e a presto
RépondreSupprimerDanielle
Bon Norma je te reçois 5 sur 5, je sais ce qu'il te fait plaisir dès le matin, du rose, du rose, et encore du rose, mais surtout vénitien !
RépondreSupprimerJe t'embrasse
Dany
Gine, c'est plus fort que moi, je ne peux résister à toutes ces fenêtres fleuries, même si parfois elles sont plus que modestes !!!
RépondreSupprimerbonne journée
bises
Toujours ces couleurs étonnantes...
RépondreSupprimerBises de Fine.
Quel merveilleux endroit et ces fenêtres ! on dirait un rêve eveillé ! Mais Venise est un rêve éveillé..
RépondreSupprimerBisous Danielle et merci pour ces fantastique photos.
Curieux échafaudage, ce bout de terrasse à hauteur de cheminée !...
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Oui, bon, d'accord, l'été la cheminée ne fonctionne pas et l'hiver on ne va pas sur la terrasse, donc pas de danger de se faire enfumer comme un jambon.
Il m'arrive de parler tout seule, là c'est le cas :D
Bises et bon week-end, Danielle