Les étoiles brillent doucement dans le petit jardin d'eau sous ma fenêtre. J'entends le moteur de Zo ; il vient me prendre pour aller "voir la nuit", comme nous l'avions dit la première fois. Nous tournons dans le rio qui longe sa maison et par-dessus lequel s'élance un grand pont massif dont les briques sont de braise. Est-ce lui le plus beau pont de tous ceux d'ici ? Oui, j'en suis sûr ! Mais n'allez pas le répéter, on se moquerait de vous ! Allez plutôt le voir, par une belle nuit sans lune...
[extrait du roman de Serge Bassenko, Il pleut, Venise en 1973, Edilivre]
©Serge Bassenko (1975)
©Serge Bassenko (av.1978)
rio San Boldo depuis le sotoportego de la Ca'Mariani
©Serge Bassenko(1975)
depuis le ponte Storto sur le rio S.Boldo
Le héros du livre " Il pleut" habite le Campo San Boldo... et c'est grâce à lui que j'ai fait une belle rencontre il y a quelques mois.
Il y a un an, grâce à notre petit univers des amoureux de Venise, j'apprends qu'une exposition de photographies se déroule dans le 13e arrondissement de Paris, et s'intitule "Par amour pour la Venise d'hier", de Serge Bassenko.
Je consulte le site et commence quelques jours plus tard, la lecture du roman " Il pleut "...
Au fil des mois, j'ai appris à connaître Serge Bassenko (clic) à travers ses photos et ses textes, mais aussi grâce à sa compagne Eléonore.
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Je laisse parler Serge maintenant :Avant d'aller à Venise, je n'en savais pratiquement rien. Je me souviens de mon "visiting tour" de la ville - projet assez amusant, à vrai dire.
J'avais décidé d'arriver de nuit - parce que j'aime la nuit - de faire le tour de la ville et de passer sur le Pont des Soupirs... en voiture.
La réalité a été quelque peu différente. D'abord, j'ai dû laisser la voiture dans un endroit impossible à définir. Puis, voguer sur une eau d'un noir d'encre, craignant à chaque instant de couler. La nuit était noire, tout alentour était si noir, seules quelques pauvres lumières luisaient çà et là.
En descendant sur le quai, je me suis précipité dans les ruelles et après un moment, j'ai débouché sur la Place St Marc, sans même oser lever les yeux, tellement j'étais effrayé. De nouveau, j'ai couru vers les ruelles et me suis finalement arrêté auprès d'un pont. Je me rappelle le canal - si sombre, silencieux et tendre - et la pensée qui m'est venue : "Venise est une ville où on peut pleurer".
Faire des photos exige une bonne santé et de l'entraînement.
En arrivant, courir par les rues et les ponts pour prendre le moteur de la barque, le réservoir, les cordes et le diable ; puis courir pour attraper le bateau de la lagune ; enfin, tirer à deux personnes tout ce chargement, les bagages, les appareils photographiques et le trépied, par une route pleine d'ornières et sous une pluie battante .... Ensuite, marcher de jour, de nuit, manger debout, ramer, et à la fin, la nuit, quand on se gèle dans le vent après une difficile mise au point, arrive une barque inattendue qui trouble le calme du canal pour une autre attente de vingt minutes...
Pourtant, pour moi, cela a toujours été une promenade, tranquille et sereine, seulement une promenade. J'aimais à dire : "Allons nous promener à Venise"....
... Faire des photos exige aussi de la patience.
... Je photographie ce que je regarde et regarder ne s'apprend pas.
... Ainsi, malgré les apparences, je n'ai pas photographié Venise, mais ce qu'elle contenait, et qui n'est plus.
(Extrait du Cd-Rom de Venise et sa Lagune/Histoire de mes photos)
Serge Bassenko a fait de nombreux séjours à Venise, de 1970 à 1990, 30.000 photographies, il a utilisé des appareils Contax I Zeiss de 1930 qu'il avait choisis pour leurs merveilleux objectifs. Il a passé des années à les réparer et à les étudier pour comprendre les mécanismes, les régler et même refabriquer les pièces défectueuses.
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©VenetiaMicio
©Venetiamicio
archives ©Ange Mozziconacci
Laëtitia©Venetiamicio 2009
Laëitia©VenetiaMicio 2009
Merci, dear Danielle ! Ce fait si belle lecture. Et comme lui, j'aime bien la nuit. :) Bisous, ma chère. x0
RépondreSupprimermerci Danielle....je ne connaisait pas serge bassenko....magnifique !!!
RépondreSupprimerJ'ai vu Venise pour la première fois en 1964 - et déjà, nous fuyions les itinéraires à l'époque fort peu nombreux! Inutile de te dire que c'est avec émotion que j'ai regardé les photos de Serge Bassenko... Merci!
RépondreSupprimerUne belle découverte ces photos et ce texte de Serge Bassenko. Venise nous réserve toujours des surprises et en l'explorant tu trouves de superbes pépites que tu sais si bien partager. Très belle semaine.
RépondreSupprimerWonderful photos !
RépondreSupprimerGrand merci Danielle, pour la découverte de Serge Bassenko.
RépondreSupprimerTout à fait d'accord avec ce qu'il dit à propos de sa non méthode. On peut faire d'excellentes photos sans rien avoir appris. Il suffit d'avoir un bon appareil, le compas dans l’œil pour bien cadrer et de choisir la bonne orientation en fonction de la lumière. Pour moi c'est intuitif, on est doué pour ça (ou on ne l'est pas !).