mardi 31 août 2010

UN PONT, UN AMI....

...Les ponts de Venise donnent le tempo à notre pas comme à l'allure des bateaux.
Le staccato des diables, des caddies, à chaque marche, contraste avec la nonchalance
des promeneurs, l'envol des jupes dans le vent,
la flânerie d'hommes solitaires entrés dans de blondes songeries.
photo©Venetiamicio

photo©Catherine Hédouin

photo©Catherine Hédouin

photo©Catherine Hédouin

...Ils sont les marques de ce qui n'est plus chiffrable. Comptables de l'infinie répétition de la ville, ils modulent l'avancée et disent l'impossibilité d'éléver une demeure sur l'instant.
Eux seuls peuvent nous aider à franchir le seuil où commence le rêve du temps, à convertir le bruit confus de nos vies en une absente tranquille, et il nous faut voyager un moment dans l'air avec eux avant de nous laisser ramener à la terre...(Bernard Neau- Venise Miroir des Signes)

lundi 30 août 2010

UN PONT ET SON MIROIR...

...Les ponts assemblent les mondes depuis leur double racine avec la générosité commune
à tous les passeurs. Ils ne prétendent pas aux fastes dorés ni à la verticalité altière des façades, et l'on sent bien qu'existe entre eux une fraternité :
celle de la très sage et véritable confrérie des Quatre-Cents.
photo©Catherine Hédouin (ponte Storto)
photo©Catherine Hédouin (ponte S'Boldo)

photo©Catherine Hédouin (ponte Furatola)

Chaque pont relie un espace de pensée à un autre et le transforme en songe,
garde les souvenirs d'adieux qui ont voulu se perdre dans l'eau - chacun conservant,
dans les croches et arabesques de ses rambardes, ce qu'il y a de clichés et d'éternité hâtive
à travers les serments amoureux.
Leurs reflets déforment puis recomposent la matière qui édifiait, à peine solide,
la géométrie des maisons, des palais - et cet agencement de losanges, de quadrilobes,
de festons et corniches, cette rigueur du nombre d'une architecture savante, se liquéfie soudain dans la musique de l'eau orchestrée par les arches...
Bernard Neau [Sur les traces d'une absence-Venise Miroir des Signes]

dimanche 29 août 2010

ENCORE QUELQUES JARDINS VENITIENS ...

...Le Grand Canal est une prairie liquide, aux Champs Elysées de Neptune,
une jonchée d'hyacinthes et de roses, de myosotis, d'émeraudes et de bleuets :
et parfois, une des fées, touchant les fleurs, les habille toutes de nacre.
Les façades ne sont que drapeaux tendus, pavillons de soie, tapis persans,
dentelles déployées pour la procession diurne du Soleil Roi ; et, la nuit, pour la Reine Lune.
Ville de la féerie, rien n'y est sûr et rien n'y semble solide. La terre y est un prestige.
Le plus doux mensonge règne sur les palais de l'eau.
Toutes les fées sourient et n'obéissent qu'à la volupté du moment.
André Suarès, Voyage du condottiere, 1910 (Venise au fil des mots)
photo©Catherine Hédouin 2009
Une saison où les blancs et les verts sont à l'honneur...
L'autre où les roses et le bleu sont préférés.

photo©Catherine Hédouin 2009

photo©Catherine Hédouin 2009

photo©Catherine Hédouin 2009
photo©Catherine Hédouin 2009

...Le campiello est désert. Il fait beau et l'air est doux. Le palais dresse le haut mur rougeâtre de sa façade terrestre où les fenêtres s'encadrent d'un mince liseré de pierre blanche et où les deux loggie superposent leurs colonnettes de marbre. Un instant, je reste hésitant. Une femme vient remplir son seau à la fontaine publique qui coule dans le campiello et me lance en dessous un substil regard vénitien où il y a tant de curiosité et d'indifférence. Cependant je m'engage dans l'étroite calle Barbaro. Comme elle est sonore et comme le pas y résonne ! Vais-je rebrousser chemin ? Pourquoi ai-je voulu revoir ce palais Dario ? Est-ce que je ne le possède pas tout entier dans la mémoire ? Henri de Régnier , la vie vénitienne, 1912.

samedi 28 août 2010

JARDINS VENITIENS

...Venise a mille facettes, ces détails sont autant de symboles qu'elle nous livre comme des messages à décoder. Certains plongeront dans les livres pour découvrir le sens historique, d'autres franchiront les portes de leur imagination, mais tous se délecteront de tant de beauté et auront une pensée émue pour les mains qui les ont façonnés...


photo©Catherine Hédouin
photo©Catherine Hédouin


Les murs de Venise sont comme les pages d'un livre, le temps y dessine des arabesques savantes, le vent et le sel y creusent des sculptures délicates et les plantes les prennent pour leur jardin.
[Quelques lignes au hasard de Marie-Sol Montès-Soler-2010]

vendredi 27 août 2010

LA BARQUE BLEUE...

Ce billet est pour Catherine...
pour le partage, pour les grandes discussions sur la Bellissima , pour les futures promenades
et nos retrouvailles ici, ailleurs ou là-bas !!!!
©photo 2009 Catherine Hédouin

©photo 2009 Catherine Hédouin

Et pourtant c'était une belle barque bleue, que lui est-il arrivée ?
Proche de ce jardin fleuri, accrochée encore à son Palina, ne vous avait-elle pas emmenés
pour quelques promenades dans les eaux saunâtres des Roselières ou Barene qui en cette fin d'été se fleurissent de lavande de mer et panachent la lagune de rose intense et de bleu violet...
Pour voir la lagune, nos amis Daniela et Luca ont fait très beau reportage photos le 18/08/2010

jeudi 26 août 2010

RIO PAISIBLE

...Un jour, on imposa le noir aux gondoles bariolées.
L'emploi nouveau du vernis rejoignait ainsi celui de la peinture à l'huile -
-et la gondole devint un noir et pur miroir sur celui de l'eau, de la lumière.
Par la profondeur de sa laque et son ombre portée,
elle bleuit l'eau alentour et a le pouvoir alchimique de transmuter
l'argent de sa proue en reflets mordorés....
©Laetitia pour VenetiaMicio

©Laetitia pour VenetiaMicio

...De longs cygnes noirs vont à la godille sur cette eau bouillonnante, accompagnés par leurs lappements. Le nocher se tient debout à l'arrière,

campé dans sa fierté costumée, indifférent aux embarcations à moteur
qui vibrionnent autour de lui.
Son chant est juste, mais trop poussé à cause de la rumeur.
Du clapotis plein les oreilles, le voyageur finit par pénétrer dans le dédale.
Il change de dimension, parcourt davantage l'espace du désir que celui de la cité,
et il lui faut veiller à projeter sa géographie imaginaire
sur les coordonnées réelles de la carte...
[textes de Bernard Neau-Venise Miroir des signes]

mercredi 25 août 2010

SI VOUS SUIVEZ LE PETIT GUIDE VOUS VERREZ UNE AUTRE IMAGE...


©VenetiaMicio
..."La petite fille de Venise", ...Ils ne parlaient pas la même langue, leurs gestes s'étaient rencontrés. Comme il continuait d'observer les rais d'argent sur la pierre, elle était restée un moment assise à ses côtés.
Elle avait posé une question. Elle désirait partager avec lui la complicité de choses muettes. Il avait ouvert sa main et désigné un mur de lumière. Elle avait semblé approuver et il avait posé une autre question.
Il ne savait comment lui faire entendre que le mystère qui l'avait révélé à Venise était le paysage premier de son regard, si proche de lui, mais pas du même monde, d'un autre déjà perdu... Et puisque ces moments permettent de confier un secret, un sourire fut sa réponse.
Elle le suivit dans une cour. Il photographiait "un mur, une énigme, comme si quelqu'un avait nettoyé son pinceau, des coups de pinceau en tous sens, sans construction apparente - la pluie sans doute était venue compléter l'oeuvre.... Des gens s'arrêtaient, ils ne voyaient rien, puis indifférents, ils repartaient... Elle paraissait comprendre, voulait savoir... Les hommes étaient davantage dans ces fissures, tous les hommes, dans cette écriture des pierres..." Oui, savoir regarder un mur.
'" Le silence était tombé entre eux comme une transparence."
[Bernard Neau - Sur les traces d'une absence- Venise Miroir des Signes]

mardi 24 août 2010

AU RETOUR D'UNE PROMENADE DANS CANNAREGIO


©photos Laetitia pour VenetiaMicio
La journée se termine finalement belle et ensoleillée,
alors que la balade s'est déroulée sous la pluie jusqu'à présent.
Harassés par des kilomètres à travers les venelles de ce quartier,
nous flânons encore un peu le long du Rio de la Misericordia,
si paisible et si lumineux .
J'aime ces derniers instants.
Je me retourne encore une fois,
je reprends une photo jusqu'à la prochaine fois.
Demain nous quittons Venise...

lundi 23 août 2010

DEMEURES ABANDONNEES...

©VenetiaMicio

...Les portes déshéritées, à l'écart des voies commerçantes, convient le regard du promeneur à prolonger des kilomètres de ville mentale.
Portes en déshérence avec leurs craquelures, leurs lézardes, leurs poignées mangées de rouille -- l'une d'elles est même redevenue arbre. Portes rugueuses et de guingois qui sont des âmes ridées, closes sur leur histoire. Les couleurs passées parlent de leur dénuement, les gonds délabrés de ceux qui ont vécu.
Elles ont connu bien des départs, des retours, comme en témoignent ces grandes planches disloquées avec leurs cadenas et loquets cassés, les anneaux ouverts que le temps a libérés de leurs attaches. Ce sont des carcasses laissées à leur nostalgie d'épaves ; après avoir beaucoup travaillé, elles ont mérité un juste repos...
[Bernard Neau- extrait de Venise Miroir des signes]

dimanche 22 août 2010

UN LIEU, UN PONT, POUR TOUJOURS....

©Marie Daynié pour Autour de Moi et Ailleurs

©Marie Daynié pour Autour de Moi et Ailleurs

©Laetitia pour VenetiaMicio

©Laetitia pour VenetiaMicio

©Laetitia pour VenetiaMicio

©Laetitia pour VenetiaMicio

©Ange Mozziconacci (archives)


Si vous me posiez LA question : quel est ton endroit, quel est ton pont, quel est ton petit coin favori, après "ta" corte ?
Si je devais faire un choix parmi les centaines de lieux que j' aime ?
Lequel ?
Je vous répondrai sans hésiter celui-là, si bien illustré par Marie, Laetitia et Angelo...
Depuis toujours, j'ai un faible, j'ai eu un coup de foudre pour lui, lorsque je l'ai vu la première fois en novembre 1980.
Comment suis-je arrivée à cet endroit ?
Je ne sais plus trop, mais j'ai le souvenir d'une belle découverte.
Lorsque je relis mon premier carnet de notes vénitiennes, je retrouve ces noms :
Ponte Storto, vue de le Rio Terà S.Aponal, vue du Ponte Storto sur le rio et Carampane,
vue du ponte Storto sur sotoportego del Tamossi et fondamenta Sott.Banco Salviati,
vue du rio dei Meloni depuis le sotoportego...et toute une série de noms, extraits du carnet et orthographiés de la sorte, selon ma promenade de ce jour brumeux !
A chaque visite et chaque matin ou chaque soir, je passe là sans jamais me lasser.

samedi 21 août 2010

ENCHANTEMENT DE LA LUMIERE



©VenetiaMicio

Depuis l'admirable lettre de l'Arétin à son ami Tiziano Vecelli, que nous appelons Titien, on n'a cessé de célébrer la lumière de Venise, la plus belle et la plus variée qui ait jamais paré de ses impalpales tissus la plus féminine dses villes.
Elle le doit à l'air marin qui l'enveloppe et crée un univers prismial qui réhausse encore ses couleurs chatoyantes. Elle le doit aussi au reflet de l'eau qui s'imprègne du ciel et en rejette aussitôt, de bas en haut, l'effusion solaire jusqu'au couronnement des campaniles.
J'ai souvent déploré que l'écriture se soit imposée à moi dès l'enfance. J'étais né peintre et je n'ai jamais cessé de l'être, mais lorsque je m'en suis rendu compte il était trop tard. Il faut de longues années pour arriver à être maître de son métier, et je les avais déjà consacrées à celui des lettres. L'apprentissage de celui de peintre m'aurait mené jusqu'à la vieillesse. Il faut laisser aux petits hommes d'aujourd'hui l'illusion de pouvoir créer sans une patiente application. Tout ce que je puis faire c'est tenter de transposer dans mes récits ce que j'aurais eu tant de bonheur à mettre sur la toile.
A Venise, devant les continuelles variations lumineuses qui m'étaient offertes, j'ai connu des moments d'amer regret, à penser que je n'avais ni pinceaux ni palette, ni surtout de moyens, pour fixer selon ma vision. C'est une permanente transfiguration du même paysage, avec des dégradés si subtils qu'ils se fondent à mesure qu'on les analyse : le temps de les rechercher dans le monde infini des couleurs, et ils se sont déjà évaporés. Il est des instants , le matin surtout, où les valeurs deviennent inexprimables, tant il s'y mêlent de reflets fugitifs, comme d'une soierie qui flotterait sous le vent. Il en est d'autres, plus faciles à capter, où tout s'absorbe dans une vapeur d'émeraude ou dans un poudroiement d'aigue-marine. J'ai vu des aubes où le ciel entier avait la couleur chaude qu'à la chair de la pêche de vigne, à quoi répondaient, comme une basse continue, l'orangé de la brique et l'incarnat des tuiles. Qu'il passe un nuage, et les perspectives prennent des tonalités de tapisseries anciennes. Qu'il pleuve, et tout se dilue dans des gris impondérables et des reflets de perle fine...[Venise au visage masqué-Intimité de Venise-A.T'SERSTEVENS-©B.Arthaud,1969]

vendredi 20 août 2010

BARQUES

Le jour se lève, quelques rayons de soleil commencent à tracer de pâles dessins sur les murs des demeures qui longent le rio de le Becarie...
©VenetiaMicio

Un rapide coup d'oeil vers le rio, comme j'ai pris l'habitude de le faire chaque matin, avant de m'engouffrer sous le sotoportego. Une grosse barque vient de décharger son contenu. Déjà le marché proche, est en pleine effervescence, la ménagère vénitienne a choisi son poisson , les plus beaux légumes et fruits et traverse par le traghetto pour rejoindre la rive de l'autre côté du Grand Canal ou file à travers les dédales des calli de ce côté de S'Polo...

©VentiaMicio
Petite promenade en cette fin d'après-midi, avant une nouvelle averse, du côté du Rio San Cassan et Rio terà de le Carampane où les barques bleues et les demeures se dédoublent comme face à un miroir ...

©VenetiaMicio

De lourdes pierres retiennent la bâche, la grosse barque rouge restera amarrer à ses "paline"aujourd'hui !

jeudi 19 août 2010

VENISE LA NUIT APRES LA PLUIE....

©Marie Daynié pour Autour de moi et Ailleurs

©Catherine Hédouin

©Catherine Hédouin

©Catherine Hédouin

©Catherine Hédouin

©Catherine Hédouin
Qu'il est doux de pouvoir ressortir encore un peu ce soir.
Il est vrai qu'il a plu, mais Venise est resplendissante dans cette lumière d'or sombre.
Encore une fois elle s'offre brillante et éclatante.
Le ciel à l'horizon a déjà ses tons pourpres qui viront bientôt au bleu profond et étoilé.
Qu'importe notre destination, ici ou ailleurs, nous serons sur les traces d'une ombre qui vient de regagner sa demeure et levant les yeux nous pourrons apercevoir là-haut la fenêtre de sa demeure qui vient de s'éclairer.
Une autre Venise s'éveille et nous fait rêver.



mercredi 18 août 2010

...Venise ajoute à ses beautés mille fois chantées et auxquelles on s'attend,
la magie d'un pouvoir auquel on s'attend moins.
Jamais ville n'a eu autant d'amoureux transis.
Et qui, parmi tant d'adorateurs,
n'a rêvé un jour de s'y installer ?




Le moindre poteau d'amarrage, le moindre mur, la plus simple barque se prend pour Narcisse.
A toute heure du jour, ce ne sont que reflets complaisants dans l'eau moirée, clins d'oeil à sa propre image, au point que l'on pourrait croire à l'existence d'une autre Venise sous-marine celle-là, fidèle à l'image de la première juste torve parfois, dans le sillage des bateaux...
[Michel Déon]

mardi 17 août 2010

UNE JOLIE PASSERELLE

Petite flânerie du côté du Rio de S.Caterina
et sur la petite passerelle qui enjambe le rio de la Racheta.
Je m'imagine notre amigo, le Sior Paco de la Rocheta,
le joli chat de la librairie voisine, se reposant au soleil,
là-bas au bout du Ramo Molin,
sur le petit pont de bois où personne ne viendra le déranger.
Peut-être le verrez-vous lors d'une prochaine promenade ?...



photos©Laetitia pour VenetiaMicio

La beauté de Venise se partage et se multiplie.
Chacun en a sa part et tous l'ont en entier. [Victor Hugo]


lundi 16 août 2010

UN PEU DE DOUCEUR VENITIENNE


Il fallait qu'un lendemain, si chaleureux et amical,
tel que celui que je viens de partager avec vous mes Amici,
soit à l'image de la Venise aimée,
la Venise tranquille et secrète que j'affectionne particulièrement.
Belle journée à vous et merci pour vos voeux merveilleux !
Bienvenue à tous les nouveaux membres

dimanche 15 août 2010

POUR FINIR DE SOUFFLER CETTE 1ère BOUGIE...ET POUR TOUS MES AMIS DU BLOG

Montages photos©Catherine Hédouin
Montages Photos©Catherine Hédouin

©VenetiaMicio


Encore quelques photos, surtout du puits, toujours fleuri,
qui commence à se fendre dangeureusement !
Chaque saison a droit à ses couleurs,
au printemps quelques jolies boules d'hortensia bleu,
mais c'est le vert qui prime avant tout.
Je remercie AnnaLivia, Martine
et aussi Anne (avec une autre corte del Tagiapierà),
qui à chaque fois qu'elles se retrouvaient par là,
me faisaient parvenir un petit clin d'oeil de ma corte préférée.
Ce fut une merveilleuse année,
et grâce à vous tous !
Alors je continue, parler de la Bellissima et en si charmante compagnie,
c'est que du Bonheur !
A presto e Grazie