jeudi 29 octobre 2009

POUR ANNALIVIA ET FAUSTO

Posted by PicasaQuelques clichés de calle étroite, et constructions penchées et tordues...

OUTRAGE





Suite à quelques commentaires échangés à travers les blogs, nous disions que nous ne supportions plus de voir les murs de Venise ou d'ailleurs, servir d'écritoires publics. Combien de fois n'ai-je pas remarqué sur mes photos ces "tags" qui malheureusement avaient échappés à mon coup d'oeil avant le clic.
Quant à ces deux photos, je les ai prises pour montrer la bêtise, l'ignorance, le sacrilège. Comment peut-on en arriver là, comment peut-on faire cela !

lundi 26 octobre 2009

L'AMERTUME VENITIENNE




Un drap étire son désir
Dans le silence d'une orange.
Le canal écoute, en suspens,
La courbe inconnue d'une femme.





J'allonge le pas pour ne pas me laisser distancer. Je suis comme aspiré en avant. A sa suite je traverse les lignes mêlées des ruelles. Je quitte un pont pour un autre pont, un canal pour une rue. Je passe de la démesure d'une église à l'intimité d'une placette. J'avance le regard tendu à l'extême pour ne pas casser le fil qui nous relie. Ses bottes rythment les dalles sinueuses. Enivré par le plaisir de cette course, je savoure mon souffle comme le dernier. Mon sang brise le silence et la lenteur de la ville.
Dans Venise, comme un voleur, je suis une femme depuis une heure.
Son image a déferlé sur moi ce matin. J'étais confortablement attablé au Florian, j'y dégustais un capuccino avec toute la lenteur nécessaire, quand sa silhouette s'est brutalement figée dans mon présent. Son corps drapé dans un velours fauve et chaussé de bottes d'ogre n'était qu'une courbe. J'ai maudit l'absence de mes fusains.
Avec volupté j'ai laissé mes yeux glisser le long de cette ligne qui ondulait de la joue au sein, à la hanche puis s'enroulait le long de la jambe. Ma main s'est durcie autour de la tasse.
La jeune femme a pris place non loin de ma table. Son visage ombré de rousseur avait la sérénité des madone de Bellini. Elle a levé la tête vers le garçon, imprévisibles, ses yeux marron ont fait jaillir la lumière. Elle a parlé, j'ai écouté, sa voix était âpre et grave. Combien de temps suis-je resté là, immobile, à la contempler, je l'ignore. Je revois la brusquerie de son départ. Elle s'est glissée dans la sombre corolle d'un mouton doré, j'ai entrevu l'éclair de sa chevelure, puis plus rien. Sans réfléchir je me suis précipité et me voici, toujours derrière elle.
Après les arcades de la place Saint Marc traversées en trois foulées légères j'ai longé dans la même aspiration les quais de Schiavoni, mes yeux ne quittaient alors la souple inconnue que pour quelqus flashes rapides sur la fête foraine. Puis sans y prendre garde je sus que j'étais entré dans la sérénité du quartier de l'Arsenal. Ma belle rousse n'a pas pour autant ralenti sa course. Maintenant je vois défiler les remparts d'opérette, le pont de bois, les lions irréels, les ruelles étroites que nos pas font sursauter. A nouveau les remparts, les lions, un vaporetto. Elle s'arrête...
Le vaporetto glisse, immuable, vers les ateliers de l'arsenal. Elle lève la main. La foule vénitienne a les yeux fermés. L'eau du canal clapote. La main reste figée dans l'espace et me retient en suspens. La main retombe. J'entrevois une longue silhouette noire sur le bastingage du bateau. Le temps se noie dans mes pensées. Un élan fuse, des bottes bousculent les marches de bois, la jeune fille est sur le pont. Elle crie " Gabriele". La foule lève les yeux, l'homme en noir se retourne, le vaporetto traverse l'arsenal et disparaît.
Sur le pont dérisoire une douleur fulgurante brouille son regard...J'entends Venise reprendre vie autour de cette femme immobile et je comprends enfin à quoi ma ville se dérobait : cette étrangère l'entraînait dans un tempo qui n'était pas le sien !
Saisi par la fatigue je me retire derrière les flancs d'un des lions. Le ciel transparent tremble au-dessus du canal et pèse sur cette silhouette abandonnée entre ciel et eau. Silencieux au milieu de la place, un chat observe. Je me penche vers cette image de femme dont ma peau, à distance, sent les moindres contours. Ses jambes interminables m'offrent leur galbe insolent, je laisse mes pensées remonter jusqu'à mes reins...
Une mouette railleuse perce le flot de mes désirs. La jeune femme griffe l'epace avec le feu de sa chevelure et se retourne. A ce signe le chat se lève et inscrit sur les dalles sa démarche en pointillés. Je me dilue dans la pierre du protecteur de Venise. Le chat, indifférent, ne me trahit point. L'inconnue descend pas à pas les marches du pont, ses yeux ne voient pas encore. Elle avance, s'arrête, regarde derrière elle, avance à nouveau. Mon sang s'affole, elle est toute proche. Son parfum se faufile en moi suave puis violent. Je reconnais les effluves mêlées de la jonquille, du jasmin et de cette acidité subtile des peaux de femme. Mon corps n'est plus qu'un frisson que l'instant moule dans la résine du silence. Elle me dépasse, interminablement, elle s'élance. J'ai bien failli me laisser surprendre, notre course reprend un peu folle. Je ne vois plus rien autour de moi. Revenus dans le centre touristique je dois me battre contre une foule inerte et bruyante. Au détour d'un canal, je la perds !
"C'est pas vrai !" Je tourne sur moi même incrédule. Je n'arrive pas à y croire. Où est elle ? Des passants ignares me bousculent et malgré ma colère me poussent contre la vitrine d'un magasin de masques. Machinalement, je regarde à l'intérieur.
"Dieu ! Elle est là !" C'est bien elle perdue entre tous ces reflets. Je retrouve mon corps. Je la contemple oubliant toute réserve. Le magasin ressemble à un kaléidoscope géant où se superposent les couleurs des masques, les visages de mon inconnue et le mien. Je suis heureux, mon souffle s'apaise. Son regard traverse soudain le miroir. Elle me voit, je ne peux fuir !
"Oui, la ville me fuit. Je suis lasse. Gabriele me fuit. Finie, notre histoire serait finie...J'ai mal, trop mal."
Je la fixe. Le temps perd ses heures. Ses yeux avancent vers les miens, ils vont se toucher.
"Rien, plus rien n'est possible. Seule, je suis seule. Partir...Demain, oui demain je pars !"
Mais c'est impossible, ses yeux me dépassent sans me rencontrer ! Elle se détourne.
"Pleurer, non je ne dois pas pleurer. C'est trop ! Adieu Gabriele ! Cette ville sans toi je ne peux pas."
Elle sort. Mon corps se raidit. Je reste là, incrédule. Elle s'éloigne. Je sens la colère sourdre dans ma gorge en une bouillie d'insultes. La voix d'une adolescente me frôle, une matrone me bouscule de ses seins mous. Ma rage éclate en un rire irrépressible.
Elle ne m'entend pas. Elle suit un méandre du canal, elle disparaît.
J'ai un goût amer dans la bouche.

L'auteur de cette nouvelle est mon amie Marie - Sol MONTES SOLER.
Elle l'a écrite il y a quelques années, elle aussi, grande amoureuse et passionnée de Venise. J'ai eu le privilège de lire ce texte. Je l'aime beaucoup et je lui ai demandé la possibilité de le publier .

PUITS

Les puits.
D'une importance vitale (pour résoudre le problème de l'approvisionnement en eau potable), les puits, le plus souvent à usage privatif, furent creusés dans les campi et les cours de la cité. Seuls points visibles d'un système complexe, leurs margelles en pierre sont ouvragées. Un puits est composé d'une citerne profonde de 5 mètres, dont les parois d'argile sont imperméables. Au centre de ce bassin est élevé un conduit de briques spéciales, maçonné soigneusement, doté de fentes dans la partie inférieure. La citerne est remplie de sable. L'eau de pluie, s'engouffrant par les bouches d'évacuation aménagées dans le pavement du campo, est recueillie dans des caissons d'épuration situés près des parois et reliés entre eux par des boyaux. Filtrée par le sable, l'eau remonte par le puits. ( explications recueillies dans le guide Gallimard 1992).
Celui-ci du Campo S'Boldo, est du XVIIIe siècle, différents styles et différentes formes, dès le VIIIe siècle, chaque siècle son style architectural.

samedi 24 octobre 2009

TROPHEE BLOGGER

Je viens de recevoir cette petite récompense virtuelle, qui m'a fait bien plaisir, de la part de ma nouvelle copine de blog, la Charmante Anne de Miscellanéesanne, que je remercie ici et qui bien entendu serait l'une de mes favoris...
Voici la règle de remise des prix : chaque blogueur dont le blog est nominé, peut à son tour, choisir de citer 7 autres blogs et doit révéler 7 secrets.
Il m'est difficile de choisir puisque j'arrive un peu en retard et la plupart de mes nouveaux amis du blog sont déjà nominés et ainsi de suite !
J'aurais aimé choisir Maïté de Ma Venise, AnnaLivia de Mes Carnets Vénitiens, comme je l'ai dit plus haut ma chère Anne, Martine de mes Idées Heureuses, Fausto de Alloggi Barbaria,
Venissima et encore d'autres, mais ce n'est plus possible.
Donc mes nominés ne seront qu'au nombre de 3

SCALAE
LES BIJOUX DE MYA ET MELI
VALERIA BELLINASO


Maintenant mes 7 secrets :

- pouvoir parler l'italien comme une Italienne, car je ne sais toujours pas le parler
- pouvoir chanter New-York New -York comme Lisa Minelli et ne plus chanter comme une casserole
- pouvoir habiter à Venise pendant des mois et des mois et ne plus être obligée de la quitter tout le temps
- pouvoir écrire de jolis textes à moi, et ne plus rêver sur ceux des autres
- relouer le Sior Bepi, le magnifique et fier bragozzo de Davide, et explorer toute la lagune
- pouvoir manger de la crème de marrons ou de la mousse au chocolat dans un énorme saladier sans penser aux kilos que je vais prendre
- et continuer à aimer la vie et voir tout ce qui est beau....




vendredi 23 octobre 2009

LES VENISES DE MARIANO FORTUNY





Fortuny peint par lui-même en 1940.

Un coin de l'atelier où les tableaux de Fortuny semblent constituer un petit salon des allégories.
La table à dessin et le guéridon-lampe sont également de Fortuny.
Né à Grenade, élevé à Rome et à Paris, il se fixe, avec sa mère, devenue veuve, à Venise en 1889. Venise, en ces années-là, c'est tout à la fois la Renaissance et l'Orient dont rêvent les esthètes saisis par cette maladie des siècles qui s'achèvent, le passéisme.
De Paris, de Londres, d'Amérique même, on accourt à Venise avec l'impression de visiter une sorte de Byzance proche. Henry James croise Henri de Régnier; Hérédia, Albenitz, José-Maria Sert sont reçus par Mme Fortuny, que son deuil rend plus majestueuse, dans son palais du Grand Canal.
En 1900, Fortuny a vingt-neuf ans, son beau visage clair-obscur semble procéder de la pénombre d'un tableau du Gréco. Dédaigneux du présent, il n'est épris que d'un lointain siècle d'or qu'il prétend faire revivre pour son plaisir. Il lui faut un lieu où faire triompher ce goût d'un sublime anachronique. Il traverse quelques ponts, jusqu'au palazzo Orfei. Cette ancienne demeure du XVe siècle ne retient plus grand chose des fastes patriciens de jadis. Les salles d'apparat ont été loties et cloisonnées en petites pièces où les artisans ont leurs ateliers. C'est dans l'une d'elles que Fortuny s'installe d'abord. Peu à peu, il reconquerra tout le palais, abolira les ajouts disgracieux infligés par deux cents de décadence. Peintre, photographe, créateur de meubles, d'étoffes et de ces fameuses robes dont le narrateur d' A la recherche du temps perdu rêve d'habiller Albertine, Fortuny déploiera son génie pour faire du palais qui porte aujourd'hui son nom, un univers selon son coeur.
Dans le grand salon-atelier qui prend jour par des fenêtres en ogive, une lumière argentée pénètre. Les murs desparaissent sous des damas mordorés et les brocards sombres parcourus de guirlandes couleur de lune. Fortuny compose ses étoffes comme un joaillier ses parures, il choisit des gemmes aux miroitements nuancés et les allie les uns aux autres : l'opale exalte l'améthyste, un ruban d'or gris souligne l'éclat d'une topaze fauve, la matité du jaspe relance les feux du grenat. Des coffres sculptés, des crédences massives et chantournées se détachent sur l'arrière-plan soyeux des tentures, et le bois roux qui luit contribue bizarrement à cette impression. (Editions du Regard-photos Sacha Van Dorssen-texte F-O Rousseau)

LES VENISES DE MARIANO FORTUNY


Peintre, photographe, créateur de meubles et de tissus, il a fait du Palazzo Orfei le Palazzo Fortuny.
Sur la photo en haut, vous pouvez voir une lampe à trois étages, en gaze imprimée de motifs, qui éclaire un coin du salon-atelier. Le tableau sur le chevalet représente un détail du "Banquet de Cléopâtre" d'après Tiepolo. La lampe et le tableau sont de Fortuny.
Les draperies disposées en quinconce ménagent dans cette pièce des recoins intimes, à demi dérobés : une alcôve de soie et de velours autour d'un sofa jonché de coussins brodés, l'échappée sur unportique peint en trompe l'oeil, sorte de ruine ionienne envahie par les fleurs et les oiseaux. Dramaturge de l'espace intérieur, Fortuny a composé son décor comme autant de variations sur le thème de la splendeur.
(photos Sacha Van Dorssen, éditions du Regard- texte François-olivier Rousseau)

LES VENISES DE MARIANO FORTUNY


Une lampe-bouclier en voile de soie à motifs décoratifs arabes.
Au-dessus : velours de soie frappé d'or et d'argent à motif de pampres.


Les tissus et les robes créés par Mariano Fortuny habillèrent les femmes les plus célébres.
Ci-dessus : détail d'une robe Delphos à irisations bleu pâle et grises. Conçues pour être portées à même le corps, les robes Delphos n'étaient tenues que par de délicates fibules en pâte de verre de Murano.(photos Sacha Van Dorssen - Editions du Regard)


LES VENISES DE MARIANO FORTUNY

Fils d'un peintre orientaliste, Fortuny fut un génial "inventeur" de tissus.
Ci-dessus un pourpoint en velours de soie teint à la cochenille et décoré de motifs à la grenade.
Orson Welles l'utilisa dans son Othello.

(photo Sacha Van Dorssen - Editions du Regard)

jeudi 22 octobre 2009

FAUNE ET FLORE A VENISE


Du côté de S'Aponal....

Le labyrinthe de canaux qui parcourt Venise, amenant la mer jusqu'en plein coeur de la ville, donne son originalité à cet environnement urbain.

Crabes verts, crevettes, mollusques et quelques poissons fréquentent ce milieu saunâtre, subissant le flux et le reflux de la marée. En surface, entre les pavés des calli et les pierres des murs, le promeneur attentif découvrira des végétaux adaptés à cet environnement insolite.

Quant aux oiseaux, ils ont trouvé refuge dans les vieux quartiers et les jardins.

PONTS ET FLORE

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CHRISTIE - MARINE POUR ANNALIVIA

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mercredi 21 octobre 2009

PELE-MELE SUITE...

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Voilà je m'améliore un peu, maintenant il faut choisir de nouveaux sujets, car vous connaissez déjà ces quelques photos...a presto !!!

PELE-MELE

Posted by PicasaJ'ai voulu faire un essai , et voilà le résultat, il y en a vraiment trop !!! j'ai l'impression d'être un caméléon, j'ai les yeux qui tournent dans tous les sens...pas vous ?

mardi 20 octobre 2009

DORSODURO


Petite promenade en solitaire, du côté du Ponte della Pazienze et du Rio S'Barnaba, sur la Fondamenta Gherardini....

lundi 19 octobre 2009

POUR ANNALIVIA




S'POLO (Scuola di S.Rocco et I Frari)
Voici quelques vues de cet endroit qui vous plaît tant...Rio delle Meneghette, rio S.Pantaleone
L'envers du décor n'a pas moins de charme, on y découvre une Venise familière, sans coquetterie, mais non sans grâce.

dimanche 18 octobre 2009

PROMENADES AUTOMNALES





Un petit matin brumeux, puis tout doucement le soleil pointe son nez, Venise reprend ses couleurs bleutées et dorées qui lui vont si bien, et l'eau des rii ses tonalités de classis turquoise... Tout est douceur et tranquilité, juste quelques pigeons qui marchent les mains dans le dos , en hochant la tête, du côté du rio San Pantaleone...

vendredi 16 octobre 2009

UNE OASIS TRANQUILLE ET VERDOYANTE

Il existe depuis le XVIIe siècle...
Le dernier squero intact, devant San Trovaso, tout en bois, coquet et fleuri. Mitraillé par tous les photographes en tant que seul survivant de la quarantaine de petits chantiers navals qui ponctuaient Venise encore en 1900. Comme autrefois, on y fabrique et on y répare toujours les gondoles. J'avais lu quelque part, que ce squero avait son carnet de commandes plein pour dix ans. En dépit du coût élévé des gondoles (vingt millions de lires chacune, à l'époque de mes notes), je ne sais pas malheureusement si tel est le cas aujourd'hui....aussi bien pour les commandes que pour le prix!!!

jeudi 15 octobre 2009

ODEURS

"Et puis il y a l'odeur. Toujours forte, toujours âcre. Excessive. Parfois puante, polluée, insupportable. Généralement bouleversante, énivrante, gênante tant elle est sensuelle. Relents de canal et de vase mais aussi bouffées de haute mer, senteurs exquises des glycines et des gardénias venues des jardins clos, invisibles derrière leurs hauts murs de brique lentement rongés par les brumes hivernales, qui exhalent des odeurs de saumure ou de mousse. Effluves musquées, étranges. Parfums mouillés, salmigondis d'exhalaisons impossibles à différencier :
même le salpêtre piquant des murs lépreux vous fait respirer la vie oubliée".
(extrait de l'introduction Vivre à Venise de Elisabeth Vedrenne dans demeures secrètes).
Après, on s'habitue à toutes ces odeurs, mais la première fois c'est énorme !!!

PETITE PROMENADE EN SOLITAIRE

" A Venise, la rue est un palais sans toit" disait Paul Morand.

mercredi 14 octobre 2009

VIVRE A VENISE


Venise ajoute à ses beautés mille fois chantées et auxquelles on s'attend, la magie d'un pouvoir auquel on s'attend moins. Jamais ville n'a eu autant d'amoureux transis. Chez ses habitants de souche comme chez ses fans d'adoption, ses saisonniers fidèles. Et qui parmi tant d'adorateurs, n'a rêvé un jour de s'y installer ? Curieusement, ce sont souvent les plus réticents à s'attacher à un port, les plus solitaires, que ce rêve obsède le plus.
Tout a été dit et écrit sur cette invraisemblable cité. Cependant les raisons de l'attrait irrésistible qu'elle exerce demeurent heureusement mystérieuses. On sait très bien que c'est folie que de vouloir encore y vivre, ou mieux, y survivre. Est-ce justement parce qu'elle est si compliquée à habiter, si menacée, qu'elle provoque cette envie perverse de goûter à ses soi-disantes dernières heures ? De se pencher encore, avec le sentiment que c'est peut-être la dernière fois, au balcon d'un spectacle incompréhensible ? Nombreux sont ceux qui la quittent, jamais de gaieté de coeur, toujours par nécessité. Beaucoup d'autres, extasiés mais étrangers, y arrivent. Flux et reflux la bercent depuis sa naissance mais aujourd'hui l'équilibre a été rompu et le reflux semble vaincre.
Dieu merci, rien n'est jamais acquis à Venise et la plupart des gens qui l'aiment lui font confiance. Ils le prouvent en perpétuant une qualité de vie forcément unique.

L'auteur de ce texte est Elisabeth Vedrenne, critique d'art et journaliste, qui a longtemps habité Venise. Elle collabore à de nombreuses revues (Décoration Internationale, Maisons et Jardins, Elle Décoration, entre autres) et dirige les pages design de Beaux Arts Magazine. Elle est l'auteur de Fauteuils et Canapés et Demeures secrètes de Venise, d'où ces lignes, qui sont extraites de ce magnifique livre qui date de 1990.

BRUME SUR LE GRAND CANAL

Venise, comme New-York, est une ville en forme d'île, de bateau. L'une et l'autre allument en vous les sentiments les plus opposés : on ne peut que les adorer ou les haïr; s'y sentir écrasé ou enfin vibrer; s'y perdre avec terreur ou se retrouver soi-même. Ce sont des villes-révélateur. Elles dévoilent, dans le bien comme dans le mal, les vérités soigneusement cachées. Elles rendent visible l'image latente. Si vous partez à Venise déjà mal dans votre peau, vous vous y sentirez atrocement désespéré; Mais si vous y allez vif et joyeux, vous jouirez de tout comme jamais. (Elisabeth Vedrenne)
Comme elle a raison ! J'ai connu ces sentiments, même le mauvais côté de la médaille, à cause de moi-même, mais heureusement, Venise comme New-York se sont dévoilées dans la joie, et j'ai vibré pour elles deux, sans aucun doute, pour toujours.

lundi 12 octobre 2009

LA FORTERESSE DU VIDE

....Revenons à aujourd'hui. Une fois franchie l'enceinte toujours interdite car toujours militaire, on reste ahuri. Le passage de la ville-labyrinthe trop pleine à la foteresse vide, est percutant. Comment croire à cette cité morte ancrée dans la cité des chimères ? Mes yeux doivent s'habituer comme lorsque l'on passe des ténèbres à la clarté. Ce qui semble alors banal, redevient peu à peu stupéfiant. L'immensité même rétrécit. Le silence s'habille. Venise, un instant évanouie, ressurgit. D'abord le grand bassin. Immobile. Il tend son miroir de mercure à l'imposante grue hydraulique du XIXe siècle, pleurant des larmes de rouille sur son piédestal en marbre d'Istrie. Un pourtour d'autres vestiges festonne les reflets de l'eau. Des cathédrales aquatiques s'embourbent dans leur vase. Des épaves noircissent à contre-jour sur fond de campaniles de carte postale. Des cales sèches au toit eventré élèvent vers le ciel indifférent leurs colonnes blanches, trapues, dévorées par le lierre et les herbes folles. Un frisson romantique court d'arcades en arcs murés, de portiques en fenêtres moirées et brisées. Des ponts suspendus embrassent leur image, emprisonnant l'eau verte. Tout bascule, les voûtes, les perspectives. Parfois des emblèmes, des lions ailés, des masques au regard étonné, bouche béante comme ceux du Palais Ducal destinés aux dénonciations secrètes. Des frises de marbre tranchent à vif dans les murs de brique rose qui saignent sous l'érosion du sel. Et le silence. Indéfinissable, sensuel. Un silence parfumé de pourriture d'algues et de poudre de canon. Le calme est sculpté par le cri des mouettes, les appels des marins, l'envolée des cloches, la plainte des cordes, le clapotis qui lèche inlassablement sa ville. Le regard s'égare et n'accroche que des bribes de formes, des silhouettes, des profils de grues, de donjons dévorant le ciel et de ciel avalant l'eau. Chaque ligne se donne forme mutuellement. L'apparent joue avec le caché. Ainsi se noie le regard.
Texte Elisabeth Vedrenne. Photos John Batho

LA FORTERESSE DU VIDE

L'histoire de l'Arsenale, comme celle de toutes choses déchues, est triste. Venise n'est plus la Serenissima depuis longtemps. Mais elle a gardé son pouvoir de séduction et, toujours coquette et perfide, elle offre sa propre nostalgie en spectacle et continue à survivre en jetant sa poudre aux yeux. L'Arsenale n'est plus depuis longtemps son ventre chaud, sa matrice glorieuse. Vidé de son sang et de sa fonction, il s'est claquemuré dans un silence hautain, les pieds dans les détritus, les yeux fermés sur un secret inutile, les oreilles sourdes aux polémiques des politiciens et des commerçants qui se disputent les recettes miracles à sa résurrection. A l'ombre de ses tours qui rappelaient à Le Corbuier celles du Kremlin, le quartier appelé encore Castello, et dont le coeur battait au rythme des allées et des venues de ses "arsenalotti", ces fiers ouvriers à qui l'on devait jusqu'au XVIe siècle la construction d'une galère par jour!...ce quartier se meurt, exsangue. Les "calle dei corazzieri", des "bombardieri"ne résonnent plus que des pas égarés de quelques touristes venus s'échouer là comme des méduses, au pied des lions grecs qui montent encore la garde devant l'ancien pont-levis du château-fort définitivement baissé. Fiers ils pouvaient l'être, ces quelques cinq cents arsenalotti ! De leur talent naissaient les fameuses galères vénitiennes, conçues pour être équipées à la fois en navire de guerre et en navire de marchandises. De leurs mains sortait aussi le Bucintoro, palais flottant sur lequel le Doge quittait la lagune pour aller épouser la mer. Et c'était pour construire ce joyau-là, entre 1544 et 1547, que l'on dut construire une cale sèche spéciale, couverte bien sûr, et dont la façade fut dessinée par l'architecte alors en vogue Michele Sanmicheli...
texte Elisabeth Vedrenne et photo John Batho

LA FORTERESSE DU VIDE


photo John Batho

LA FORTERESSE DU VIDE

Si Venise, telle Vénus, naquit de l'écume et de la boue, elle cache, enfouie dans son corail et son marbre laiteux, une perle. Cette ville pétrifiée dans son mystère plus que nulle autre au monde, dissimulait en son sein une autre ville, plus secrète encore. Une citadelle interdite, imprenable, ceinturée d'eau. Derrière ses murailles roses et crénelées, on s'appliqua à forger frénétiquement pendant des siècles, la puissance et la gloire de la Serenissima. "Arsenale"... voilà le nom de la perle ayant perdu à jamais son orient.
(texte Elisabeth Vedrenne-photo John Batho)

dimanche 11 octobre 2009

AUJOURD'HUI C'EST LE JOUR DU CHAT !!!

Cette photo est assez ancienne, c'était l'époque où nous en rencontrions tant à Venise...Nos croqueurs de souris, les pourfendeurs de rats, les hardis matamores de la lagune.
La preuve, son abandon, tranquille pendant sa toilette, quelque chose a capté son regard, il reste en suspens sans crainte, quant à moi, je ne le dérange aucunement.
Nous sommes près des Fabbriche Vecchie, il n'y a que les petits entrepôts pour les marchands de fruits et légumes, pas encore toutes les terrasses des bacari d'aujourd'hui....

vendredi 9 octobre 2009

LA MIA VENEZIA

Photo Fluvio Roiter
cité du paradoxe, la Venise des brumes nacrées où évolue, toujours actuel, un personnage à la Carpaccio, est aussi, face à la Salute, "cette pieuvre tapie dans la mer" que redoutaient les Arabes.

SOYONS FOUS

Au risque de me répéter, à travers mes humbles photos, j'ai eu l'envie aujourd'hui de vous présenter les photographies des autres, toutes celles que je conserve depuis de nombreuses années, pour leur beauté, accompagnant des articles et textes splendides.
Photo Fluvio Roiter, le livre "Vivre Venise" a été mon deuxième livre sur Venise (après "Venise que j'aime"), et c'est grâce ce livre que je suis tombée amoureuse de cette ville !

QUELQUES PHOTOS DE LA LAGUNE

Au sud de la lagune, la Valle Zappa, est une des plus belles et des plus riches pour sa faune...
La lagune, bien sûr, est l'écrin de Venise, elle enchâsse la Sérénissime comme un croissant de 500 km², où s'équilibrent l'eau douce issue des rivières et des canaux, l'eau salée de la mer que ralentissent les presqu'îles et les bancs de sable et que le vent parfois accélère, quand il pousse les marées jusqu'aux niveaux les plus menaçants de l'acqua alta. Mais la lagune est l'histoire et la préhistoire de Venise. Mieux encore, elle relève d'une beauté proprement magique, dans la mesure où elle répond à deux qualités en apparence contradictoires : les sortilèges de la léthargie, les ivresses d'une vie grouillante et secrète. Et les maisons qui s'y cachent, inaccessibles à tous ceux qui ne sont pas d'intimes Vénitiens de Venise, témoignent à leur tour de ce double privilège.
Dossier Découverte "Les Maisons de la Lagune" Inaccessibles à tous ceux qui ne sont pas d'intimes Vénitiens de Venise, les maisons de la lagune sont un contrepoint à la magnificence de cette ville-nénuphar. Photographe Jérôme Darblay et l'écrivain Frédéric Vitoux "Art de vivre à Venise".

jeudi 8 octobre 2009

LA VENISE DES VENITIENS

Des Racines et des Ailes du mercredi 7 octobre 2009...
Nous avons assisté à l'émission devant notre TV, c'est un moyen comme un autre d'y être un peu et de s'en "remettre" plein les yeux !!!
C'est vers le petit reportage : La Venise des Vénitiens, que va notre préférence...Le sympathique Stefano qui balance à son collègue, depuis sa barque, les cagettes de fruits et légumes, comme une plume au vent, espiègle avec les petites mamies devant son étal et jetant un petit clin d'oeil aux belles Vénitiennes qui passent par là ! Admirez l'épluchage des artichauts et hop! dans la bassine...
La crèche dans un ancien palais, la maman qui ne changerait pour rien au monde son petit appartement (combien je la comprends!), et toutes(s) les artistes, stylistes et autres qui peuvent vivre à Venise et travailler, grâce à la reconversion de friches industrielles, d'anciennes usines ou brasseries, devenues des ateliers d'artistes. Les veinards (es) !!! Nous avions vu le début de toutes ces transformations sur la Giudecca, il y a quelques années, la première fois que nous sommes allés manger chez Mistrà.
Toute cette vie au quotidien, les pompiers, les hommes de la voierie, les policiers, tout ce monde qui veille sur la Bellissima et surtout les Vénitiens.
Et enfin l'eau, qui est la raison d'être et disparaître de Venise...comme il est mentionné dans le reportage et encore là, la vie qui change, qui se transforme selon les évènements !
Très beau reportage sur la Venise en terre ferme...effectivement, une petite promenade vers le canal de la Brenta et ses palais, pour voir une Venise différente, et si vous avez une journée de libre je vous conseille la ballade.
Le reportage nous a permis de voir toutes les nouveautés en matière d'art, que nous n'avons pas encore découvertes personnellement, sauf par l'intermédiaire d'Anne et AnnaLivia ou à travers quelques revues. La Douane de la Mer, la Ca'Pesaro, que nous connaissons déjà, où il y a un Klimt que nous adorons, et maintenat le Palazetto Bru Zane, centre de musique romantique française...magnifique que de nouvelles belles choses à voir!!! Bon quand partons-nous ?